Le rétablissement et le maintien de la sécurité dans toute la Syrie sont les défis les plus urgents pour les nouvelles autorités au pouvoir. Mais depuis quelques jours, des combats ont lieu dans la région de Lattaquié, bastion de la minorité alaouite du président déchu, située dans le nord-ouest du pays.
Jeudi, seize membres des forces de sécurité ont été tués dans la ville de Jableh et ses environs, lors d'affrontements avec des partisans de Bachar al-Assad, «les plus violents» depuis la chute de l'ex-président, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
La majorité des victimes sont originaires de l'ancien bastion rebelle d'Idleb, aussi dans le nord-ouest.
Plus tôt, le responsable de la sécurité de Lattaquié avait indiqué à l'agence de presse officielle, Sana, que les autorités affrontaient des hommes armés partisans d'un ancien commandant d'une unité d'élite de Bachar al-Assad, Souheil al-Hassan, un «criminel de guerre qui a commis les pires massacres contre le peuple syrien».
La tension est montée jeudi à Beit Aana, village d'origine de Souheil al-Hassan, lorsque des habitants ont empêché l'arrestation d'une personne suspectée de trafic d'armes, selon l'OSDH.
Les forces de sécurité ont ensuite lancé une opération, émaillée d'affrontements avec des personnes armées dont l'identité reste inconnue.
Selon Sana, «des hommes armés ont tiré sur des membres et des véhicules du ministère de la Défense, près du village, faisant un mort (du côté des forces de sécurité) et plusieurs blessés». Un photographe d'Al Jazeera a été blessé lors des affrontements, selon la chaîne qatarie qui a précisé qu'il était hors de danger.
Les autorités ont ensuite mené des tirs d'hélicoptère sur des hommes armés dans le village de Beit Aana et les forêts environnantes, et des tirs d'artillerie sur un village voisin, selon l'OSDH, poussant des chefs religieux alaouites à appeler à des «manifestations pacifiques» vendredi.
Ces frappes, qu'ils ont qualifiées dans un communiqué d'«attaques contre les habitations civiles», ont semé la terreur parmi les habitants de la région, a ajouté l'ONG.
Une source du ministère de la Défense a affirmé auprès de Sana que d'importants renforts militaires étaient déployés dans la région de Jableh «pour soutenir les forces de sécurité et rétablir la stabilité dans la région».
Plus tard jeudi, des jeunes, dont certains étaient armés, se sont rassemblés à Idleb pour soutenir les forces de sécurité qui combattaient à Lattaquié, a rapporté l'Observatoire.
Des messages diffusés par les haut-parleurs des mosquées appelaient au «jihad» (guerre sainte) contre les hommes armés, selon la même source.
Ces violences interviennent après que quatre civils ont été tués à Lattaquié cette semaine, selon l'OSDH, lors d'opérations de sécurité qui avaient également coûté la vie à deux membres des forces de sécurité.
Depuis que les nouvelles autorités ont pris le pouvoir à Damas, de nombreuses campagnes de sécurité ont été lancées dans plusieurs régions contre ce qu'elles accusent d'être des hommes armés fidèles à Bachar al-Assad.
Les habitants de la région côtière dénoncent régulièrement des exactions commises dans la région, qualifiées d'«incidents isolés» par les autorités. (ag/ats)