Ils sont une relique de l'époque soviétique qui semblaient bons pour la ferraille: les missiles à courte portée de type Tochka-U. Après l'indépendance de l'Ukraine en 1991, environ 500 exemplaires de ces roquettes sont restés dans l'arsenal du pays. Au début de l'invasion russe, on disait que la plupart d'entre eux ne pourraient pas être récupérés. Face à l'urgence, des ingénieurs ukrainiens seraient parvenus à les réhabiliter.
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C'est ce que suggèrent des images de la 19e brigade de missiles ukrainienne qui, outre le Tochka-U, dispose également de lanceurs de missiles américains de type Himars. L'unité fait régulièrement état d'attaques contre des positions russes, les dernières en janvier et en mars. Les assauts ont généralement lieu dans la région de Donetsk ou dans la région russe de Belgorod. Ce qui frappe dans les images de la brigade, c'est que les missiles Tochka-U semblent flambants neufs, alors qu'ils ont en fait été fabriqués en Russie il y a bien longtemps.
Bien qu'il ne soit pas exclu que l'Ukraine ait mis en place sa propre chaîne de production pour le Tochka-U, cela est considéré comme peu probable. La priorité du gouvernement ukrainien est de développer et de perfectionner d'autres missiles, comme le Neptune, dont la dernière version a récemment été utilisée pour la première fois contre une raffinerie de pétrole russe.
Il est plus probable que l'Ukraine démonte ses anciens Tochka-U dans le cadre d'un processus complexe, les équipe d'un nouveau combustible et les assemble à nouveau.
Sur le champ de bataille, le Tochka-U devrait encore rendre de grands services aux Ukrainiens. Ce missile à combustible solide de deux tonnes a une portée de plus de 110 kilomètres, et peut envoyer une ogive d'une tonne vers sa cible. A titre de comparaison, l'Ukraine peut atteindre la distance de 150 kilomètres avec ses systèmes Himars. Les missiles ATACMS peuvent certes atteindre 300 kilomètres, mais le gouvernement américain de Joe Biden n'en a livré que quelques exemplaires à l'Ukraine.
Le reconditionnement d'anciens missiles Tochka-U n'est pas sans danger. Les missiles à combustible liquide ne sont ravitaillés que peu de temps avant le lancement, et sont donc plus faciles à transporter et à entretenir. Mais afin qu'elles soient rapidement prêtes à l'emploi en cas d'urgence, les fusées à combustible solide comme le Tochka-U sont toujours chargées, et des accidents peuvent se produire. Selon les conditions de stockage, ce risque augmente encore avec le temps, car les propriétés chimiques du combustible peuvent se modifier.
Le reconditionnement des missiles Tochka-U est apparemment effectué dans le complexe industriel de Yuzhmash, dans la ville de Dnipro. Des armes sont produites sur ce site depuis 1944 puisque c'est là que le premier missile nucléaire soviétique a été fabriqué. Comme le rapporte Forbes, le gouvernement ukrainien fait aussi développer à Dnipro un successeur au Tochka-U, le Hrim-2, qui doit rendre le pays moins dépendant des systèmes occidentaux, comme l'ATACMS.
Le Hrim-2 devrait pouvoir atteindre une distance de 700 kilomètres, et transporter près de 500 kilos d'explosifs. Selon l'expert militaire Fabian Hoffmann, il devrait être équipé d'une ogive dont la force de pénétration serait similaire à celle du missile de croisière Taurus, développé en Allemagne. L'état d'avancement du développement du Hrim-2 n'est pas clair. Jusqu'à présent, il n'existe pas de rapports confirmés sur des utilisations de ce missile. Il n'est toutefois pas surprenant que la Russie ait tenté à plusieurs reprises de détruire l'usine de missiles de Dnipro.
En avril 2023, le Kremlin avait déjà affirmé avoir détruit l'usine de Tochka-U de Dnipro lors d'une attaque de missiles. En novembre de la même année, la Russie a tiré un missile de moyenne portée de type Oreshnik sur la ville. Les images de l'impact des différentes ogives ont également suscité des inquiétudes en Occident. Mais selon Forbes, l'Ukraine a reconstruit les bâtiments endommagés sur le complexe de Yuzhmash.
Traduit de l'allemand par Joel Espi