Depuis la défaite d'Avdiïvka, la guerre au sol continue de mal se dérouler pour l'Ukraine: lundi matin, l'état-major a dû admettre l'évacuation d'un nouveau village devant l'avancée des troupes russes. Après le retrait de Lastotchkyné, à l'ouest d'Avdiïvka, l'armée tentera de maintenir la ligne de front derrière le village, comme l'a annoncé un porte-parole militaire à la télévision ukrainienne.
Il semble que les défenseurs ukrainiens, sous le nouveau commandant en chef Oleksandr Syrsky, aient décidé – contrairement à ce qui s'est passé à Bakhmout et Avdiïvka – de ne plus risquer de lourdes pertes dans les combats urbains. Au lieu de cela, vu le manque de munitions d'artillerie de soutien, ils se détachent très tôt des positions menacées pour se replier sur des positions arrière.
La situation est très différente dans la guerre aérienne. L'abattage d'un autre centre de commandement volant de type A-50U, vendredi dernier, est venu couronner la semaine la plus réussie des Ukrainiens dans leur lutte contre la force aérienne russe, très supérieure. Par ailleurs, des sources ukrainiennes ont annoncé la destruction de huit avions à réaction de grande capacité Su-34 et Su-35 en l'espace de sept jours seulement.
Hey yo RuZZkis 🇷🇺,
— @BrennpunktUA 🇩🇪🇺🇦 (@BrennpunktUA) February 24, 2024
What Airforce doing? pic.twitter.com/KGU148n2AW
Ces chiffres, auparavant inaccessibles, ont donné lieu à des spéculations selon lesquelles l'armée de l'air ukrainienne aurait été équipée en secret des premiers avions F-16 et de leurs missiles guidés à longue portée. Mais l'explication révélée ce week-end par Kyrylo Boudanov, le chef du renseignement militaire ukrainien, est bien plus probable.
Les arsenaux de missiles russes sont épuisés après les frappes aériennes massives du début de l'année sur des cibles industrielles et civiles. L'Ukraine aurait donc transféré, sur le front, les missiles guidés antiaériens dont elle ne pouvait se passer pour défendre les villes, afin d'y frapper l'aviation russe. L'hypothèse la plus probable est que les avions russes ont été victimes d'un système Patriot ou de missiles Iris-T allemands.
Selon différentes sources, l'A-50U a en revanche été abattu par un vieux missile antiaérien soviétique à longue portée de type S-200 – ce qui serait un sacré tour de force, puisque celui-ci présente des similitudes avec le «Bloodhound» autrefois utilisé en Suisse et retiré du service en 1999. En réponse aux questions des journalistes, Kyrylo Boudanov a expliqué que la Russie ne disposait plus que de six de ces précieux centres de commandement volants, qui ne peuvent être remplacés.
Si un autre A-50U était abattu, l'armée de l'air russe perdrait la capacité de surveiller 24 heures sur 24 l'espace aérien ukrainien et d'y coordonner des attaques aériennes. Une porte-parole de l'armée de l'air a expliqué que la Russie allait désormais tenter de combler le vide créé avec des drones de surveillance.
Ces récents succès aériens ne peuvent toutefois pas masquer le fait que le rapport de force en faveur de l'armée de l'air russe est toujours aussi écrasant. En novembre dernier, les 78 avions de combat ukrainiens restants s'opposaient à environ 1170 avions russes, selon une liste publiée par le portail spécialisé «Defense News». L'Ukraine attend donc avec de plus en plus d'impatience l'arrivée des avions F-16 annoncés depuis longtemps par l'Occident.
Alors qu'en marge de la conférence sur la sécurité de Munich, il avait été dit que la remise des premiers avions pourrait avoir lieu dans quelques semaines déjà, le ministère danois de la Défense repousse actuellement la livraison à juillet ou août.
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Le premier ministre néerlandais, Mark Rutte, co-chef de file de la coalition européenne des avions de combat, a déclaré dans une interview que la formation des pilotes ukrainiens de F-16 «battait son plein». La semaine dernière, le président ukrainien a publié les premières images vidéo officielles d'entraînements de vol au Danemark.
All Ukrainians are waiting for the day when the first Ukrainian F-16s appear in our skies and strengthen the defense of our cities and communities, as well as the capabilities of Ukraine’s Defense Forces. While our pilots and personnel continue their training, I thank the F-16… pic.twitter.com/NgaAtC5x8K
— Volodymyr Zelenskyy / Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) February 23, 2024
L'annonce vague faite par Volodymyr Zelensky dimanche soir, selon laquelle l'Ukraine mènerait, cet été, une contre-offensive mieux préparée qu'en 2023, incluait sans aucun doute l'utilisation d'avions de combat occidentaux. Le manque de capacités aériennes adéquates a été considéré par les experts militaires comme l'un des responsables de l'échec de l'année dernière.
A cet égard, l'Ukraine travaille depuis un certain temps déjà sur une deuxième option. L'automne dernier, des pilotes ukrainiens ont effectué des vols d'essai en Suède avec le JAS-39 Gripen. Le gouvernement suédois a toutefois posé une condition à la livraison de cet avion de combat polyvalent: l'adhésion de la Suède à l'Otan.
Lors du salon aéronautique de Singapour, la semaine dernière, un responsable du constructeur Saab a affirmé que la livraison de Gripen à l'Ukraine pourra se faire rapidement, dès que le gouvernement suédois aura donné son feu vert. En tout cas, la Hongrie a reçu quatre JAS-39 supplémentaires, ce qui porte à 18 le nombre total de Gripen dans la flotte hongroise. Le premier ministre hongrois Viktor Orbán a, toutefois, formellement démenti que la Suède ait acheté l'accord d'adhésion de son pays à l'Otan par la vente des Gripen.
Adapté de l'allemand par Tanja Maeder