Alors que six mois de guerre contre l'Ukraine ont généré des pertes massives au sein de l'armée russe, le chef du Kremlin Vladimir Poutine a publié un décret visant à augmenter le nombre de ses soldats.
Cependant, nombreux sont les experts qui doutent que Poutine puisse renforcer ses troupes épuisées d'un trait de plume.
«La Russie risque d'avoir de sérieuses difficultés à mobiliser un si grand nombre de nouveaux soldats en si peu de temps», écrit le célèbre Institut pour l'étude de la guerre (ISW) dans son dernier rapport de situation sur l'Ukraine.
Pour toutes ces raisons, il est peu probable que l'effectif cible de 1,15 million d'hommes annoncé par Poutine soit atteint, estime l'ISW.
Même avant l'attaque contre l'Ukraine, l'armée russe ne comptait que 850 000 soldats actifs, bien en deçà du nombre officiel de plus d'un million. Pour pallier l'indigence des forces armées, le Kremlin pourrait donc tenter d'affilier les milices séparatistes des «républiques populaires» autoproclamées de Louhansk et de Donetsk. Mais même cela n'augmenterait que légèrement le nombre de soldats. Quant au décret, il mobiliserait tout au plus 34 000 nouveaux combattants, selon l'ISW.
En fait, le Kremlin cherche désespérément de nouveaux soldats depuis des mois et ne craint pas la coercition et la pression sur les conscrits. En juillet, des instructions émanant de Moscou enjoignaient les 85 régions de la Fédération de Russie – y compris les territoires occupés en Ukraine – à mettre en place des bataillons de volontaires.
Et dans le Donbass occupé, les sbires de Poutine attrapent même des pères devant les jardins d'enfants pour les envoyer au front comme chair à canon contre leurs propres compatriotes.
Malgré tous les problèmes de l'armée russe, le dernier décret de Poutine ne laisse aucun espoir d'une paix rapide en Ukraine. «Un tel décret n'a pas lieu si vous vous attendez à ce que la guerre se termine bientôt», estime Dara Massicot du groupe de réflexion américain Rand Corporation dans le journal New York Times.
Oleksiy Danilov, chef du Conseil ukrainien de sécurité et de défense, partage un point de vue similaire : «celui qui pense que le Rubicon a déjà été franchi et que l'issue de la guerre est déjà certaine a tort», explique Danilov au New York Times. «Ce ne sera pas facile, au contraire.»
(traduit de l'allemand par jod)