Sa définition ultime dépend du contenu de l'éventuel cessez-le-feu que Donald Trump tente d'obtenir de Moscou. L'Ukraine a déjà accepté un cessez-le-feu «sans conditions», mais pas la Russie.
Et si personne ne sait encore très bien où elle sera stationnée, une chose est sûre, «il n'est pas question d'être derrière la ligne de front», a renchéri son homologue français Sébastien Lecornu. Les deux pays sont à la manœuvre pour négocier les contours de cette force.
Il s'agit de «revenir en fait à une culture de ce qu'on appelait la réassurance, le découragement, si j'ose dire, pour éviter qu'une nouvelle offensive russe ait lieu», a expliqué Sébastien Lecornu. Les Européens, qui ne veulent pas être en première ligne, comptent cependant avant tout sur les forces ukrainiennes pour empêcher les Russes de relancer les hostilités, en cas de cessez-le-feu.
Les Européens parient sur la faiblesse des troupes russes après plus de trois ans de guerre, qui a fait dans leurs rangs quelque 250 000 morts et 650 000 blessés, selon des responsables occidentaux. Dans cet intervalle, l'idée est de renforcer l'armée ukrainienne, de la mettre aux normes de l'Otan, afin qu'elle devienne suffisamment puissante pour dissuader Moscou.
Selon plusieurs services de renseignement occidentaux, il faudra entre trois et cinq ans aux forces russes pour reconstituer leur puissance. «La première des garanties de sécurité, c'est évidemment le soutien à l'armée ukrainienne, c'est-à-dire refuser la démilitarisation de l'Ukraine, comme la Russie le demande», a expliqué le ministre français.
Une fois ce renforcement effectif, qui prendra plusieurs années, la force de «réassurance» pourra voir ses contours modifiés, a expliqué un diplomate à Bruxelles.
Faute d'un accord de cessez-le-feu précisant les conditions d'un arrêt des combats, il est difficile de donner un mandat précis à cette force. Ses règles d'engagement restent par exemple à définir. «Quel serait exactement notre mandat, que ferons-nous quand la Russie violera le cessez-le-feu?» s'est interrogée la ministre lituanienne de la Défense, Dovilė Šakalienė. Elle aura en tout cas une mission dans les airs, en mer, la protection de la Mer Noire, et sur terre, a expliqué John Healey.
En ce qui concerne sa composition, les médias britanniques avançaient fin février le chiffre de 30 000 soldats, mais ce chiffre est encore loin d'être gravé dans le marbre. Elle pourrait aussi participer à un renforcement de la formation des militaires ukrainiens, comme l'a suggéré la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas.
L'Union européenne a déjà entraîné quelque 73 000 soldats ukrainiens depuis l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022. Certains pays, comme les Baltes, Scandinaves, Français ou encore Britanniques, seraient prêts à déployer des militaires au sol, quand d'autres se concentreraient sur le soutien à l’armée ukrainienne, estime une source européenne.
Plusieurs pays ont évoqué au début des discussions la nécessité d'un soutien militaire américain à cette mission, un «backstop» ou filet de sécurité, pour renforcer sa crédibilité. La question est toujours sur la table et continue à être jugée importante par plusieurs pays, mais Washington n'a toujours pas fait connaître ses intentions.
(afp)