Dans la nuit de mardi à mercredi, des explosions ont secoué la péninsule de Crimée, occupée par la Russie depuis 2014. Il s'agirait d'une attaque aérienne ukrainienne contre la base aérienne russe de Belbek, au nord de Sébastopol. Selon des experts militaires, Kiev aurait utilisé des missiles américains de type ATACMS à longue portée.
Le gouverneur de Sébastopol, Mikhaïl Razvojaïev, a annoncé une attaque aérienne «massive» sur la ville. L'assaut aurait été repoussé, a-t-il assuré. Des débris d'un missile intercepté auraient touché un bâtiment, mais n'y aurait pas eu de blessés. Le ministère russe de la Défense a également déclaré que des missiles ukrainiens avaient été tirés au-dessus de la Crimée. Il s'agissait, selon les indications de Moscou, d'ATACMS en provenance des Etats-Unis.
Des vidéos circulant en ligne montrent des impacts de projectiles suivis d'explosions sur la base aérienne de Belbek, où des incendies se seraient déclarés. C'est ce qui suggère le «Fire Information for Resource Management System» (FIRMS) de la Nasa, qui permet de détecter des feux en temps réel.
Le canal Telegram «Astra» rapporte, en citant des habitants, qu'une vingtaine d'explosions ont retenti pendant l'attaque. Le média ukrainien Kyiv Independent annonce que les autorités russes ont suspendu, au moins temporairement, le trafic sur le pont de Crimée qui relie la péninsule au continent russe.
Un régiment de l'armée de l'air russe est stationné sur la base. Il compte entre 1000 et 3500 soldats. Des images satellites non datées montrent jusqu'à quinze avions de combat garés sur l'aérodrome. Il est impossible de vérifier combien d'appareils se trouvaient effectivement sur place au moment de l'attaque.
Depuis des mois, l'Ukraine prend de plus en plus pour cible l'armée russe en Crimée. Lundi encore, une attaque a eu lieu contre une station radar russe près de la ville de Yalta, au sud de la péninsule. Selon les médias ukrainiens, l'installation aurait été endommagée et le commandant de l'unité qui y était stationnée aurait été tué.
Pour ce faire, Kiev aurait eu recours à des missiles de croisière britanniques Storm Shadow. La Russie a confirmé avoir intercepté quatre missiles de croisière et sept drones au-dessus de la Crimée. Aucune déclaration officielle n'a été faite côté ukrainien.
Moscou a déployé plusieurs unités de son armée sur la péninsule, dont le commandement de la flotte de la mer Noire. Les stations radar de Crimée sont indispensables à la reconnaissance russe du front en Ukraine et sont donc régulièrement la cible de frappes aériennes.
Le Kremlin utilise également la péninsule pour ravitailler ses troupes sur le front. Pour ce faire, l'armée russe s'est d'abord principalement appuyée sur le pont de Crimée. Suite à des attaques ukrainiennes le visant, elle a dû revoir sa logistique. Depuis l'été dernier, elle utilise davantage le chemin de fer, y compris des lignes construites récemment dans le sud de l'Ukraine.
En avril, le Congrès américain avait approuvé un paquet militaire de 61 milliards de dollars pour l'Ukraine. Kiev était censée recevoir, entre autres, des missiles ATACMS d'une portée de 300 kilomètres. Dans les livraisons précédentes, la portée des missiles de ce type était limitée à 165 kilomètres. L'Ukraine aurait ainsi plus de possibilités d'attaquer les positions russes et les voies de ravitaillement loin derrière le front.