C'est une catastrophe annoncée. Quelques jours seulement après le limogeage du commandant en chef, le général Zaloujny, par le président Zelensky, la plus grande bataille de la guerre s'approcherait de la fin. Les forces russes ont désormais presque encerclé la ville d'Avdiïvka, dans le Donbass.
Les attaques incessantes de l'armée de l'air russe avec des bombes planantes ont ouvert la voie aux fantassins de Poutine. Les Russes ont désormais progressé entre la zone urbaine et l'usine de charbon située un peu en dehors, en empruntant la dernière route goudronnée qui relie encore Avdiïvka à l'arrière-pays contrôlé par les Ukrainiens.
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L'immense terrain de l'usine de charbon et de produits chimiques reste toutefois pour l'instant entre les mains des Ukrainiens.
Le «tunnel» qui mène à la ville encerclée sur trois côtés par les Russes était encore large d'environ 6600 mètres il y a deux semaines. Aujourd'hui, il n'a plus que la moitié de cette épaisseur à son point le plus fin. Pour le ravitaillement et une éventuelle retraite, les Ukrainiens devraient désormais utiliser une route qui se termine dans des champs.
Au sud de la ville, les Russes ont entre-temps encerclé la forteresse ukrainienne «Zenith», à l'exception d'un étroit couloir de peut-être 600 mètres. On ne sait pas combien d'Ukrainiens y tiennent encore.
Comment expliquer cette situation? D'une part, les Ukrainiens manquent de munitions d'artillerie, notamment parce que les Etats européens ont réalisé bien trop tard que des investissements dans l'industrie de l'armement étaient nécessaires si l'on voulait augmenter la production d'obus d'artillerie.
D'autre part, la défense aérienne ukrainienne est également en cause: presque tout le matériel moderne fourni par l'Occident est actuellement utilisé pour protéger les grandes villes contre les attaques de missiles et de drones. Le commandement de l'armée n'a pas donné aux soldats de première ligne la possibilité d'éliminer du ciel les avions de combat russes volant à haute altitude avec leurs lourdes bombes planantes.
Une raison importante de la débâcle qui s'annonce est également à regarder au sein du pouvoir ukrainien: le successeur de Zaloujny, le général Syrsky, récemment nommé par le président Zelensky, est connu pour résoudre les problèmes sur le front de façon soviétique: il envoie tout simplement plus de soldats dans les tranchées. Syrsky avait déjà procédé de la sorte lors de la bataille de Bakhmout, elle aussi perdue.
Il rabâche également le credo de Zelensky selon lequel il faut reconquérir les territoires occupés par les Russes, y compris la péninsule de Crimée. Pourtant, la véritable question qui se pose est plutôt de savoir comment l'Ukraine va sauver ce qui peut encore l'être.
Quelques semaines avant sa destitution, le général Zaloujny disait encore en substance: un commandant doit aussi se soucier de sauver son armée. Pour cela, il vaut la peine d'abandonner un peu de territoire, car on peut continuer à se battre avec un peu moins de territoire, mais sans armée, tout est perdu. Le fait que Zelensky et son nouveau commandant en chef ne respectent pas ce truisme militaire ne laisse rien présager de bon pour l'Ukraine.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)