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Mario Draghi pressenti à la tête de la Commission européenne

Mario Draghi lors de la cérémonie de passation des pouvoirs, en octobre 2022
Mario Draghi lors de la cérémonie de passation des pouvoirs, en octobre 2022Image: EPA ANSA

«Super Mario» pourrait-il sauver l'Union européenne?

Le mécontentement à l'égard de l'actuelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ne cesse de croître. L'ancien président de la BCE et chef du gouvernement italien, Mario Draghi, pourrait la remplacer.
02.05.2024, 06:11
Remo Hess, bruxelles / ch media
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Les élections européennes approchent et les spéculations vont bon train à Bruxelles: la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pourra-t-elle briguer un second mandat? Ou sera-t-elle évincée au dernier moment?

Une chose est sûre: ce sera serré.

Certes, l'opinion générale est que l'Allemande de 65 ans n'a pas si mal réussi dans les deux méga-crises que représentent le Covid-19 et la guerre en Ukraine. Mais elle n'a pas non plus de vrais amis.

Elle n'a jamais réussi à se faire aimer du Parlement européen. Même au sein de son propre parti, elle est impopulaire. Et elle s'est de plus en plus brouillée avec son protecteur, le président français Emmanuel Macron, à qui elle doit sa nomination surprise en 2019. Pour Macron, Ursula von der Leyen est trop orientée vers les Américains. Et sa politique climatique a provoqué des manifestations d'agriculteurs en colère dans toute l'Europe.

Un technocrate qui sait faire de la politique

Il n'est donc pas surprenant que ce soit Emmanuel Macron qui orchestrerait en coulisses une manœuvre pour la remplacer. Depuis un certain temps, le président français sonderait les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE pour savoir s'il était possible de se débarrasser d'Ursula von der Leyen, indiquent plusieurs médias. Il y a deux mois, il se serait entretenu avec la présidente du Conseil des ministres italien Giorgia Meloni et aurait sondé les chances de son candidat favori, Mario Draghi.

En tant que chef de la Banque centrale européenne (BCE), Draghi avait libéré l'euro des griffes des spéculateurs financiers en 2012 avec sa formule devenue célèbre:

«Nous ferons tout ce qui est possible pour sauver l'euro»
Mario Draghi, en 2012

Près de dix ans plus tard, en tant que chef du gouvernement, il a réussi l'exploit d'unifier derrière lui la politique italienne, notoirement divisée.

Depuis des semaines, les journaux italiens s'enflamment à l'idée que «Super Mario» pourrait, après avoir sauvé l'euro, sauver l'Union européenne. Car les problèmes ne manquent pas, entre la guerre en Ukraine et surtout une compétitivité en berne face à la Chine et aux Etats-Unis. Beaucoup pensent que Draghi serait en mesure de renverser la vapeur. Il est considéré comme un technocrate compétent qui comprend la complexité de l'Europe. Mais il sait aussi faire de la politique.

Il a le même âge que Trump

La seule question est de savoir s'il serait disponible pour ce poste. Mario Draghi a déjà 76 ans, un âge aussi avancé que celui du président américain Joe Biden et de son rival Donald Trump. Après sa démission en tant que chef du gouvernement, il n'a jamais exprimé publiquement l'ambition d'assumer une fonction au niveau européen, et encore moins un travail aussi pénible que celui de président de la Commission européenne.

Mais il reste obstinément silencieux face aux journaux italiens, qui spéculent tous sur le fait qu'il s'ennuie depuis longtemps dans sa maison milanaise. Dernièrement, la curiosité est devenue si grande que des journalistes ont même attendu son épouse à la porte de leur maison et l'ont interrogée sur les projets de son mari. Celle-ci a simplement répondu que ce dernier n'irait pas en Europe. Les politiques ne voudraient pas de lui là-bas, a-t-elle affirmé, car ils ont peur de lui.

Si c'est le cas, cela tient peut-être à ses idées, que Mario Draghi aime formuler en termes clairs. Lors d'un récent discours en Belgique, il a déclaré que cela faisait longtemps qu'un «changement radical» dans l'UE était nécessaire. De nombreux observateurs ont déjà interprété cette allocution comme une sorte de discours de candidature, où il aurait formulé les grandes lignes d'un «agenda Draghi».

Agenda ou pas, le message est clair: dans la rivalité géopolitique exacerbée, l'Europe doit se serrer les coudes. La concurrence ne se fait plus au sein de l'Europe, mais face aux blocs chinois et américain.

Berlin sceptique

Reste à savoir si, malgré le lobbying de la France, l'arithmétique du pouvoir européen jouerait finalement en faveur de Mario Draghi. L'attribution des meilleurs postes de l'UE est une sorte de jeu d'échecs multidimensionnel, dans lequel toute une série de facteurs s'influencent mutuellement. En Allemagne, les sympathies de Draghi pour de nouvelles dettes européennes devraient se heurter au scepticisme. En outre, il est difficile d'imaginer que Berlin cède facilement le poste de chef de la Commission, qui est occupé par une Allemande.

Mais peut-être que le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui s'oppose habituellement avec passion à toute forme de centralisme européen, est également un bon indicateur. Interrogé sur l'Italien, Orban a récemment déclaré qu'il ne savait pas si Draghi voulait devenir président de la Commission. «Mais c'est un homme bon», a-t-il ajouté.

Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci

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