Venezuela: l'«acte de piraterie» de Trump fait craindre une escalade
La tension est à son comble au Venezuela. Dans la nuit de mercredi à jeudi, Caracas a qualifié l'assaut d'un pétrolier par les Etats-Unis de «vol effronté et d'acte de piraterie internationale». Le ministère des Affaires étrangères a déclaré:
Le navire, qui transportait apparemment 1,1 million de barils, se trouvait selon toute vraisemblance dans les eaux internationales au moment de sa capture, près des Etats caribéens de la Grenade et de Trinité-et-Tobago, à environ 100 kilomètres du Venezuela.
Un navire au passé plus que trouble
Il aurait navigué sous pavillon guyanais, bien que les autorités locales aient immédiatement annoncé que le pétrolier n'était pas immatriculé dans le pays voisin du Venezuela. C'est ce qu'a indiqué l'agence de presse Reuters.
A Washington, on maintient qu'il appartient à une flotte fantôme qui contourne les sanctions internationales. Dans le passé, ce navire, désormais baptisé Skipper, aurait également transporté du pétrole iranien. Il ferait actuellement route vers Cuba, chargé de brut provenant du Venezuela. Un expert a toutefois déclaré au Wall Street Journal que l'énorme bâtiment n'avait pas bougé depuis plusieurs jours.
L'assaut audacieux avait été approuvé au préalable par un juge américain, selon le New York Times. Le pétrolier figure sous un autre nom depuis 2022 sur une liste officielle de sanctions du ministère des Finances, car il aurait été en mission pour le compte du Hezbollah et de l'unité iranienne Quds.
Une lutte à grande échelle contre le trafic de drogue
Mais le moment choisi pour cette opération commando des garde-côtes américains ne devait évidemment rien au hasard. Depuis des semaines, l'armée rassemble une force composée du plus grand porte-avions du monde, de navires, d'avions et d'environ 15 000 soldats au large des côtes vénézuéliennes.
Elle coule également les vedettes rapides des passeurs de drogue qui navigueraient vers les Caraïbes. Plus de 87 personnes ont déjà péri lors de ces attaques depuis septembre. Elles suscitent l'indignation des observateurs, qui dénoncent une violation du droit américain et international.
Maduro est recherché aux Etats-Unis
Objectif ultime de cette manœuvre: renverser le dirigeant vénézuélien, Nicolás Maduro. Donald Trump a lancé un ultimatum au dictateur au pouvoir depuis 2013. Depuis plusieurs jours, Trump affirme avoir l'intention d'autoriser «très prochainement» des offensives sur le territoire du Venezuela si Maduro ne cède pas. Il a également annoncé des frappes aériennes contre la Colombie.
Mais, jusqu'à présent, le républicain s'en est tenu à des menaces. Maduro et lui auraient eu une conversation téléphonique fin novembre, au cours de laquelle ils auraient aussi évoqué une rencontre bilatérale. Elle devrait avoir lieu aux Etats-Unis, bien que le ministère de la Justice ait déjà engagé des poursuites contre le dirigeant vénézuélien en 2020 et offert une récompense de 50 millions de dollars pour son arrestation.
Les enquêteurs placent Maduro à la tête d'un cartel de drogue, le Cartel de los Soles. Il inonderait les Etats-Unis d'une substance particulièrement mortelle, le fentanyl. Caracas rejette ces accusations et les experts parlent d'un malentendu. Le fentanyl serait principalement produit au Mexique, tandis que le Venezuela exporterait surtout de la cocaïne.
Un intérêt économique pour les Etats-Unis
Si Washington décidait d'imposer un blocus au Venezuela et d'empêcher l'exportation de pétrole, Maduro se retrouverait rapidement dans une situation délicate. La compagnie énergétique publique PDVSA constitue l'une des dernières sources de revenus restantes pour cette nation sud-américaine isolée.
Le régime de Maduro affirme que Washington cherche en fin de compte uniquement à accéder aux nombreux gisements de matières premières. Une entreprise américaine est déjà active dans le pays. Cet été, Chevron a obtenu l'autorisation du gouvernement Trump de continuer à extraire du pétrole au Venezuela, malgré les sanctions. Cela profite non seulement à la multinationale, mais aussi au Trésor public. Chevron verse environ deux milliards de dollars par an en taxes.
(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)
