Poutine envoie des soldats au Venezuela: voici leur mission
Selon les informations du renseignement militaire ukrainien, le GUR, un général russe se trouverait actuellement au Venezuela avec plus de 120 soldats russes. Les troupes seraient déployées dans le cadre d’une mission dite de «conseillers en rotation» et formeraient des unités vénézuéliennes. C’est ce qu’a indiqué Kyrylo Boudanov, chef du GUR, au média spécialisé The War Zone.
Selon lui, le général Oleg Leontjevitch Makarevitch dirige l'Equator Task Force du ministère russe de la défense. Les soldats sont censés former les forces vénézuéliennes dans des domaines comme les tactiques d’infanterie, le pilotage de drones, le renseignement et les communications électroniques. Les unités russes apporteraient en outre leur soutien au gouvernement de Nicolas Maduro à Caracas pour surveiller des groupes du pays ainsi que des Etats étrangers.
Kyrylo Boudanov a déclaré à The War Zone:
Selon lui, ces missions ne sont pas inhabituelles. L’armée américaine soutient par exemple les forces ukrainiennes avec des missions similaires.
«Aucun lien» avec le conflit vénézuélien
Malgré les tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela, Kyrylo Boudanov a affirmé que la mission russe ne constituait pas une réponse immédiate à la présence militaire américaine dans les Caraïbes. Selon le général, ces troupes s’inscrivent plutôt dans une rotation en place depuis des années.
Les services de renseignement ukrainiens n’ont constaté aucun renforcement des effectifs russes au Venezuela. La durée du mandat d’Oleg Leontjevitch Makarevitch en tant que commandant serait simplement plus longue qu’à l’accoutumée. Les généraux russes y restent en général 6 mois, mais Oleg Leontjevitch Makarevitch se trouverait dans le pays depuis le début de l’année.
Donald Trump a récemment déployé environ 15 000 soldats américains ainsi que plusieurs navires de guerre dans la région. Officiellement, l’opération vise à lutter contre le trafic de drogue, mais elle apparaît aussi officieusement comme une démonstration de force à l’égard du régime autoritaire de Nicolas Maduro.
Les informations sur la présence russe au Venezuela proviennent d’un document que Kyrylo Boudanov a mis à la disposition du média spécialisé. Celui-ci évoque le déploiement de soldats du Kremlin à Caracas ainsi que dans les régions de Maracaibo, La Guaira et sur l’île isolée d’Aves. Environ 90 militaires russes se trouveraient à Caracas.
Un clin d'oeil aux Etats-Unis
Le général Makarevitch n’est pas un inconnu. Selon le renseignement ukrainien, il avait auparavant commandé le groupe russe Dnepr durant l’invasion dans le sud de l’Ukraine. Il est notamment tenu pour responsable de l’explosion du barrage de Kakhovka en juin 2023, qui avait provoqué de lourds dégâts et d’importantes inondations. Les accusations visant Oleg Makarevitch n’ont toutefois pas encore été confirmées de manière indépendante.
Selon Kyrylo Boudanov, la présence de troupes russes au Venezuela pourrait permettre à la Russie d’établir un contact avec les Etats-Unis, y compris en lien avec la guerre en Ukraine. «Ce n’est qu’un jeu», lance Kyrylo Boudanov. Le magazine spécialisé The National Interest avance l’hypothèse que la Russie chercherait à constituer un contrepoids géopolitique face au soutien occidental à l’Ukraine.
D'autres mercenaires au Vénézuéla?
Dernièrement, la Russie aurait également acheminé du matériel militaire supplémentaire au Venezuela, notamment via des transferts de troupes issus de l'Afrikakorps, une unité de mercenaires relevant du ministère de la défense jusqu’ici surtout active sur le continent africain, l'ancien Groupe Wagner. Celle-ci pourrait servir de renfort pour des opérations dans la jungle.
Selon The War Zone, la possible livraison de systèmes d’armes modernes constituerait un point particulièrement sensible. Le député russe Alexeï Jouravliov a récemment affirmé que des systèmes de défense aérienne Buk-M2E et Pantsir-S1 avaient déjà été livrés au Venezuela. Kyrylo Boudanov a confirmé l’observation des systèmes Buk, mais il n’existerait en revanche aucune preuve concernant les systèmes Pantsir. La possible livraison de drones Shahed iraniens et de missiles de croisière est également évoquée.
Les mouvements de troupes russes et l’authenticité des documents de renseignement disponibles n'ont pour l'heure pas été confirmés de façon indépendante. The War Zone explique avoir adressé des demandes à la Maison-Blanche, au Pentagone ainsi qu’au Commandement Sud des Etats-Unis, mais n’a obtenu jusqu’à présent aucune réponse.
Traduit de l'allemand par Joel Espi

