Vous aimez la langue française? Dommage. Le Petit Larousse et le Petit Robert ont tous deux dévoilé les nouveaux mots qui intégreront les prochaines éditions de leurs dictionnaires. Et force est de constater que certains de ces néologismes vont vous donner envie de vous énucléer les yeux à la petite cuillère. Si, si.
S'ôter la vue avec violence vous semble être une réaction excessive? Testons votre résistance ensemble. Le mot «flexoffice», un anglicisme atroce qui veut dire «bureau nomade», fait son entrée dans le Petit Larousse. Ça y est, vous avez une main dans le tiroir des couverts?
«Flexoffice» n'est pas le seul mot abominable issu de la langue de Shakespeare à s'incruster dans le Petit Larousse (même s'il y a fort à parier pour que Shakespeare lui-même fasse un looping dans son cercueil à la simple évocation du mot «flexoffice»).
Le néologisme «greenwashing» y débarque lui aussi, avec le même aplomb qu'un militant écolo à un congrès sur le goudron. Sa traduction française fait, elle aussi, un peu saigner des gencives. Si vous souhaitez parler d'une entreprise qui fait du «lavage vert», vous pouvez ainsi utiliser la variante francophone «écoblanchiment».
Citons encore les termes «home staging», dont la définition est «opération de mise en valeur et de dépersonnalisation d’un bien immobilier, dans le but d’en faciliter la vente» et qui ne sert qu'à flatter les émissions pénibles du dimanche après-midi sur M6.
L'un des mots les plus agaçants de la Terre est sans nul doute «boboïser», soit «transformer un lieu (quartier, particulièrement) populaire par des aménagements répondant aux aspirations des bobos. Donner un caractère bobo (à quelque chose)».
Si «boboïser» existe désormais, rappelons que le Petit Larousse n'est pas le seul responsable: ses nouveaux mots, comme pour ceux du Petit Robert, «reflètent les évolutions de la société». C'est donc à cause des gens qui roulent en vélo-cargo sur les trottoirs, des godasses issues d'une collab' Birkenstock x Patagonia à 300 balles aux pieds, et les pauvres enfants baptisés Timéo et Léopoldine par leurs parents, qu'on se doit aujourd'hui de «boboïser». Merde.
Autres réjouissance, «instagrammable» fait son apparition, tant dans le Petit Robert que dans le Petit Larousse. Il n'est ainsi plus réservé aux influenceurs en quête du café «le plus instagammable» du coin, pour une séance photo organisée devant un mur de fleurs en plastique. Christophe, a.k.a. @chris_1978 sur Instagram, pourra lui aussi légitimement utiliser ce terme sous ses photos mal cadrées pour faire plaisir à ses 278 followers.
Déboulent aussi des mots dont on n'avait pas besoin. Par exemple, pour le Petit Larousse, «se ramiter», qui signifie redevenir amis, ou encore le «nutri-score», cette évaluation qui nous signale que les plats préparés ne sont pas aussi sains qu'une pomme bio, deviennent également officials (coucou les anglicismes).
Chez le Petit Robert, ce sont entre autres les néologismes «multivers», «ghoster» ou encore «crush» qui viennent appauvrir enrichir la langue française.
Et si ces mots vous mettent en PLS ou vous font bader, au moins, vous avez le droit de le dire. «Être en PLS» et «bader», ça aussi, c'est désormais admis par le Petit Robert.