Vous connaissez cette tendance du loud quitting? Vous avez peut-être vu votre collègue marcher vite et fort, l'air conquérant, en direction du bureau de la chefferie. Et à travers une porte mal fermée, vous entendez: «Boss, si tu ne me donnes pas 800 francs de plus, je démissionne et m'en vais travailler à la concurrence!» C'est en tout cas ce que dépeignent de nombreuses vidéos sur les réseaux sociaux. Loud quitting, en français, «démission bruyante». Sauf qu'il ne s'agit pas vraiment de démissionner. On vous a perdu?
Cette tendance du loud quitting est en fait une manière un peu théâtrale d'exiger quelque chose auprès de sa hiérarchie. De meilleures conditions, un salaire plus élevé, une place de parking plus près de l’entrée ou un bureau avec vue… Le tout avec panache, en tapant (métaphoriquement ou pas) du poing sur la table et en menaçant de démissionner si on n'obtient pas ce qu'on veut. Un comptable pourrait exiger une nouvelle chaise qui tourne, un prof de yoga, des tapis qui ne sentent pas la transpi... Chez watson, par exemple, on pourrait exiger une machine à barbapapa (on a les combats qu'on mérite).
Il faut toutefois être assez sûr de son coup. Si on va dire à ses chefs «dans telle boîte, pour le même job, ils m’ont proposé 800 francs de plus», on peut très bien s’entendre dire:
Pour parvenir à ses fins sur une augmentation de salaire par exemple, on peut mettre en avant ses compétences, le fait qu'on accomplit plus de tâches que ne l'exigeait le poste à l'origine, que ça fait longtemps qu'on est là. Le tout, c'est d'être convaincu (et convaincant).
Sur les réseaux, le loud quitting est très tendance depuis quelques semaines. Dans le même esprit, on trouve aussi par exemple le «rage applying». Là pour le coup, c’est le fait de postuler un peu partout pour pouvoir quitter son entreprise à tout prix.
Avant ça, il y a quelques mois, un autre phénomène avait bien fait parler de lui, c’est le quiet quitting. Comme pour le loud quitting, il n’est pas question de démissionner pour de vrai, mais au lieu d’exiger de meilleures conditions façon coup de poker, le quiet quitting consiste à ne faire plus que le strict minimum, comme ne pas lire ses mails en dehors des heures de bureau, ne plus faire d’heures supp’, ne plus s’impliquer dans la vie de l’entreprise, ne plus aller aux apéros avec les collègues… Bref, faire juste ce pourquoi on est payé.
Ce sont en tout cas des tendances qui en disent long sur l’ambiance au travail et la perception qu’on en a, surtout chez les jeunes: ces phénomènes touchent beaucoup la Gen Z, et dans une plus petite mesure, les Millennials. Ça ne veut pas dire que ces catégories ne veulent plus travailler, mais en tout cas, plus comme avant. Des exemples? Certaines boîtes introduisent la semaine de quatre jours, pour ne pas résumer sa vie à métro-boulot-dodo.
Car à lire différentes études sur le sujet, pour une partie de ces jeunes générations, travailler, ça n’est plus forcément un critère de réussite. C’est obligatoire, c’est tout. Alors que nos grands-parents se félicitent d’avoir trimé dur toute leur vie, aujourd’hui, on aspire à autre chose, et toutes ces tendances comme le «loud quitting» le prouvent. Et entre nous, ce n'est peut-être pas plus mal...