La récré est terminée. Alors que les réseaux sociaux et les écrans étaient portés aux nues à leur arrivée, ils n'ont désormais plus la côte. Aujourd'hui, le numérique est un débat qui provoque des réactions épidermiques dans les rangs de la politique suisse, dans les salles des maîtres.
Lundi 2 juin, Francine Defferrard et Antoinette de Weck ont déposé une motion devant le Grand conseil du canton de Fribourg. Elles veulent interdire téléphones portables et autres appareils électroniques dans les établissements scolaires.
La bonne vieille solution de facilité. La menace est trop forte? Alors, on bannit. Et on ne fait pas mieux ailleurs. La France l'a décidé en voulant accélérer l'interdiction des réseaux sociaux aux enfants de moins de 15 ans. Or, cette tendance à exclure pour mieux surveiller manque cruellement de témérité.
Lors de notre long entretien avec Promotion santé Valais (PSV), l'un des cantons pionniers dans l'éducation numérique en Suisse, nous avons découvert une réflexion plus féconde: place à une éducation au numérique et non à une diabolisation des écrans ou des réseaux sociaux.
C'est aussi la solution prônée par les autorités genevoises dans leur campagne Ecrans, parlons-en!. Le leitmotiv: travailler l'esprit critique de l'élève pour le rendre autonome face à la jungle virtuelle.
Cette option est rafraichissante, surtout, elle tord le cou à la ritournelle du bannissement. Se plaindre systématiquement de l'addiction des réseaux sociaux ne sert à rien, tout particulièrement en 2025. Cela revient à enfoncer des portes ouvertes. Les écrans, les plateformes façonnent nos quotidiens et s'en détourner est peine perdue. Les réseaux sociaux sont impossibles à négliger, qu'on les exècre ou non, et construisent un pan de notre démocratie.
Il vaut donc mieux éduquer. Il faut accompagner la jeunesse, l'aider à mieux appréhender ses algorithmes dans notre époque du tout numérique. Proscrire n'est pas une solution, mais de la paresse.
Dès le plus jeune âge, les parents doivent appréhender la foire aux fakenews, le cyberharcèlement ou repérer l'addiction pour créer une base solide pour leur progéniture et eux-mêmes. Les écoles, les enseignants doivent investir du temps pour charpenter un socle commun. Pour cela, encore faut-il que les cantons et les élus, leur donnent les moyens, tant financiers qu'humains de le faire.
Ainsi, les enfants, les adolescents, les parents, ainsi que les enseignants seront armés face à notre algocratie. Car le nœud du problème démarre là, au sein du cocon familial, chez des parents qui n'ont souvent pas conscience de la dangerosité des réseaux sociaux en abandonnant leurs enfants à un objet qui, mal utilisé, peut se muer en arme de destruction massive.