La nouvelle est tombée dans les pages du Sunday Times. Glissée là. Subtilement. Peut-être pour mieux passer inaperçue. Voilà, c'est fini. Conformément au souhait de la princesse de Galles de mettre l'accent sur «son travail plutôt que sur sa garde-robe», son équipe ne communiquera plus sur les marques de ses vêtements, d'ordinaire partagées à chaque apparition.
Kate, l'une des femmes les plus médiatisées et scrutées de la planète, dont les choix vestimentaires sont méticuleusement analysés, décryptés et décortiqués par les experts, journalistes, fans et internautes, met ainsi fin à une tradition en vigueur depuis 2011 et son entrée officielle dans le sérail royal.
«Elle veut que l'accent soit mis sur les questions vraiment importantes, les personnes et les causes qu'elle met en lumière», justifie une source royale dans le quotidien britannique.
«Une partie du public appréciera toujours ce que la princesse porte, et elle le comprend. Mais avons-nous besoin de toujours dire officiellement ce qu'elle porte? Non.»
Par cette décision, qui marque son retour progressif aux affaires après une année marquée par son traitement contre le cancer, Kate Middleton veut mettre fin à une «frustration» de longue date. Comme le confiait un ami proche au Times en 2022 déjà: «Ce qui était extrêmement frustrant et difficile pour elle, surtout au début, c'est qu’elle sortait et faisait le travail qui l’intéressait et qui était très important pour elle.»
Un agacement d'autant plus compréhensible pour la femme la plus populaire du clan Windsor qu'elle exerce un métier à plein temps dont le fonctionnement reste obscur pour le grand public.
On serait presque tenté de lire dans cette annonce une sorte d'élan féministe. Une façon de refuser le statut peu enviable de jolie potiche dans lequel on aime encore bien ranger les femmes publiques. Une tentative louable. Mais surtout, un auto-goal. Naïf, pour ne pas dire hautain, et qui tranche complètement avec la notion-même de royauté.
Car ce serait oublier que le job de royal est d'abord et avant tout un métier de représentation. Bien qu'une partie de l'emploi (et la plus noble, sans doute) consiste à parrainer des causes sociales, humanitaires ou encore environnementales, à réconforter des enfants malades, lutter contre le sansabrisme ou militer pour la protection des tortues marines, une autre partie, tout aussi importante, se résume à apparaître. Et à sourire.
Rogner sur l'importance du vêtement, c'est avoir la bêtise de penser que l'intérêt du public et des médias repose sur le dernier ruban coupé ou la dernière association visitée. Alors que, allez, soyons honnêtes, lorsqu'il s'agit de la famille royale britannique, nous sommes plus volontiers captivés par quelques apparitions glamour maîtrisées, une poignée de potins croustillants et une ou deux frasques ici ou là que par leurs activités caritatives.
Cracher sur le vêtement, c'est nier également à quel point enfiler une veste Zara à 40 livres ou chausser des escarpins Mango à 50 demeure un moyen efficace de montrer qu'on garde les pieds sur Terre. Qu'on reste proche du peuple. Et aussi priver les lectrices de Elle ou Grazia de l'idée réconfortante qu'elles peuvent s'offrir la même tenue qu'une future reine - le fameux «effet Kate».
Oublier le vêtement, c'est aussi imaginer qu'il ne fait qu'«éclipser» les causes plus importantes, alors qu'il est aussi capable de les mettre en lumière. Qui a oublié la chemise Ralph Lauren de Lady Diana en 1997, arborée lors d'un voyage en Bosnie-Herzégovine, pour alerter l'opinion sur les ravages laissés par les mines sur les terrains de guerre?
Nulle n'avait mieux compris l'importance d'un vêtement que la précédente princesse de Galles. Sa successeur ferait bien de s'en inspirer. Au risque de commettre une bourde de communication, autrement plus impardonnable qu'un fashion faux-pas.