Passé le choc de l'annonce du cancer de Kate, les premières analyses institutionnelles et l'afflux de vœux de rétablissement, une question flotte. Séduisante, langoureuse, presque obsédante. Comme un parfum. Le prince Harry, tel un preux chevalier du 21e siècle, pourrait-il sauter à bord de son jet privé pour voler au chevet de sa chère Kate, cette «sœur qu'il n'a jamais eue»? Cette maladie va-t-elle permettre, enfin, de combler le fossé de 5000 kilomètres qui sépare les Gallois des Sussex depuis quatre ans?
Du côté des principaux protagonistes, à l'exception d'un communiqué poli souhaitant à la princesse de Galles«bonne santé et guérison», aucune démonstration tangible. Ne restait aux commentateurs royaux, journaux, chaînes de télé et réseaux sociaux en soif de potins qu'à alimenter le fantasme de retrouvailles tout seuls. Pas plus tard que cette semaine, c'est l'auteur Tom Quinn qui jetait son analyse sur le feu, en affirmant au Mirror:
«Cette relation chaleureuse et simple lui manque vraiment. Harry est déchiré entre la loyauté envers sa femme et la perte de la femme dont il était si proche», complète le biographe. Pardonnons à Tom Quinn son assurance; il n'est de loin pas le premier à s'avancer sur les liens qui unissent la princesse de Galles et son beau-frère. Un peu plus tôt cette année, c'est une autre spécialiste respectée dans le sérail, Ingrid Seward, autrice de quelque 17 livres sur la famille royale britannique, qui allait même plus loin.
Interviewée par le Daily Telegraph à l'occasion de la sortie de son dernier livre, la journaliste lâche la phrase.
La remarque fait bondir. «Quoi?!» s'étrangle l'interviewer, à qui Ingrid Seward doit préciser sa pensée. «Je ne parle pas physiquement, mais mentalement. Il a toujours désiré avoir une sœur, il l'a dit à Diana. Psychologiquement, je pense qu'il l'adorait. Il était toujours dans leurs œttes, au palais de Kensington, dans leur réfrigérateur, genre: 'Qu'est-ce qu'il y a ce soir pour le dîner?'».
«Je pense que Meghan a dû être incroyablement envieuse puis jalouse de Kate», complète l'autrice royale chevronnée, nous laissant avec l'image ô combien scandaleuse et séduisante d'une amourette entre le beau-frère et la belle-soeur. Digne d'un scénario de Woody Allen.
Harry lui-même n'a jamais fait mystère de l'amour qu'il porte à l'épouse de son frère aîné. Si William en prend pour son grade toutes les deux pages, ou presque, dans Le Suppléant, les mémoires brûlantes publiées l'an dernier, la première description de Kate s'avère, en revanche, révélatrice: «J’aimais cette fille. Elle était insouciante, douce, gentille. Elle avait passé son année sabbatique à Florence, elle s’intéressait à l’art et à la photographie. Et aux fringues. Elle avait une véritable passion pour les fringues. Elle s’appelait Kate.»
«Mon petit côté déconneur revendiqué était en phase avec le sien, qu’elle prenait pour sa part grand soin de dissimuler», poursuit le prince. Comme s'il avait besoin d'en rajouter.
Nous avons tendance à l'oublier, cette époque bénie où Kate et Harry partagaient en effet une exceptionnelle proximité. Elle, la jeune femme stable et bien dans ses basques. Lui, le prince turbulent, fragile, à l'adolescence chaotique. «Elle lui procurait un sentiment de stabilité. Il l'adorait», confie un ami de Kate et William, au Daily Beast.
Cela dit, une poignée de mots tendres et quelques souvenirs moelleux ne feront pas non plus oublier que les critiques amènes du duc de Sussex à l'égard de sa belle-sœur, depuis quelques années. Entre les interviews et quelques passages de son autobiographie nettement plus cinglants, Harry n'a épargné aucun détail de la «froideur» de Kate, des «sanglots» de Meghan, des disputes autour des cadeaux de Pâques, robes et rouges à lèvres.
Pour les Gallois, la trahison a été amère. La confiance rompue. Si Kate aurait été surtout «déconcertée» par ces attaques, William, lui, serait intraitable. Pas question de pardonner à ce frère ennemi trop bavard. Encore moins le laisser revenir au bercail. Les experts ne sont pas franchement optimistes quant à une réconciliation.
Toutefois, ne sous-estimons pas les effets d'une bonne crise pour remettre les choses en perspective. Depuis le mois de janvier, le duc exilé n'a pas ménagé les démonstrations de bonne volonté et les mains tendues. «Kate était la sœur qu'Harry n'a jamais eue. Il est probablement plein de regrets quant à la façon dont sa relation avec elle et William s'est effondré de façon si spectaculaire», suppose le biographe royal Duncan Larcombe, au Mirror.
Pour sa part, un vieil ami de la famille laisse entendre au Daily Beast:
Et nous permettre, ainsi, de continuer à nous bercer de doux fantasmes.