On vous a déjà dit que vous aviez «the thing»? Que vous étiez «différent», dans le bon sens du terme? Peut-être êtes-vous cool, donc. Ou peut-être pas du tout; c’est justement ce qu’une équipe de chercheurs a voulu comprendre.
Publiée fin juin dans la revue scientifique Journal of Experimental Psychology, cette vaste étude a été menée dans douze pays, à savoir l’Allemagne, l’Australie, le Chili, la Chine (continentale et Hong Kong, précisons-le), l’Espagne, l’Inde, le Mexique, le Nigeria, l’Afrique du Sud, la Corée du Sud, la Turquie et les Etats-Unis. Au total, ce sont 5946 personnes qui ont été invitées à évaluer différents profils de personnalités, certains réels, d’autres fictifs, sur des critères de «coolitude» et de «bonté».
Et force est de constater que malgré l’éloignement géographique et culturel entre ces douze pays, il y a consensus: six traits de personnalité émergent systématiquement comme les piliers du «cool».
Qu’est-ce qui rend cool, alors? Roulement de tambour… L’extraversion, l’hédonisme, le pouvoir, l’aventure, l’ouverture d’esprit et l’autonomie. Autrement dit, être sociable, aimer se faire plaisir, dégager de la puissance (au sens du charisme et du leadership), aimer le risque, être curieux et créatif, et vivre selon ses propres règles. Rien à voir avec la sagesse, la loyauté ou la gentillesse. Le cool, selon cette étude, ne s’embarrasse pas trop de morale.
Interrogé par CNN, Todd Pezzuti, professeur à l’Université Adolfo Ibáñez (Chili) et co-auteur de l’étude, résume ainsi:
Son collègue Caleb Warren, professeur à l’Université d’Arizona, précise:
Pour Warren, la coolitude, dans sa forme moderne, est le fruit d’une mondialisation des codes sociaux: cinéma, musique, mode, réseaux sociaux… Tout ce qui façonne nos perceptions du style, de l’attitude, et de la liberté.
C’est là que l’étude devient encore plus intéressante: les traits associés aux personnes «bonnes» sont très différents. On y trouve notamment la chaleur, la gentillesse, la stabilité émotionnelle, la tradition, le conformisme ou la loyauté. Des qualités humaines, certes. Mais qui ne font pas lever les foules. Todd Pezzuti explique à CNN:
Autrement dit, vous avez beau vouloir devenir cool, il se peut que vous ne soyez tout simplement pas câblé pour. Dur, mais honnête.
Les chercheurs reconnaissent toutefois une limite majeure à leur étude: elle s’est focalisée sur des répondants comprenant le mot «cool» en anglais. Cela implique une population plutôt jeune (âge moyen, environ 30 ans), issue de pays globalisés.
De quoi potentiellement exclure des visions plus traditionnelles ou locales du charisme. «Il serait fascinant d’explorer des sociétés très isolées, comme celles des chasseurs-cueilleurs», déclare Pezzuti à CNN.
Pour en revenir à l’étude, si vous vous sentez stable, fiable, profondément gentil… c’est super. Mais pas sûr que vous fassiez rêver les foules. Car il ne suffit manifestement pas d’être une bonne personne. Il faut incarner une forme d’énergie, de liberté, de culot.
C’est un brin injuste, surtout si vous êtes plutôt «bon» que «cool», certes. Mais la science a tranché.