Il était une fois, à Hollywood, au coeur d'un manoir à 14 millions de dollars avec piscine chauffée, spa et salle de ciné, une fillette pas tout à fait comme les autres: cette belle enfant, du nom de Lilibet Diana Mountbatten-Windsor, était une princesse.
S'il venait un jour à Lilibet Mountbatten l'idée de suivre les traces de son père en rédigeant ses mémoires, c'est peut-être en ces mots que le bouquin commencerait. En attendant, c'est officiel: la môme d'Harry et Meghan, âgée de 14 mois, est une vraie princesse sur le papier - et, surtout, sur le site de la famille royale britannique.
Mais rembobinons un peu, voulez-vous?
Au commencement, il y a eu le baptême. Une «petite cérémonie intime» organisée vendredi dernier sur le domaine familial de Montecito, avec une vingtaine d'invités triés sur le volet, «danse et nourriture». L'évènement a été révélé en exclusivité mondiale par le magazine People.
Parmi les personnalités présentes pour faire un voeu sur le berceau royal de Lilibet (et picorer petits fours à gogo): son parrain, l'acteur Tyler Perry, sa grand-mère maternelle, Doria Ragland, ou encore une mystérieuse «marraine anonyme».
En revanche, aucun représentant du côté britannique de la famille. Selon un initié à People, papy Charles, tonton William et tata Kate auraient pourtant tous été conviés.
Cette petite party au paradis des Sussex aurait pu nous laisser indifférents, si nos confrères de People n'étaient pas allés plus loin, en passant un coup de fil à un porte-parole d'Harry et Meghan.
Voilà. Le mot est lâché: les anarchistes Meghan et Harry estampillent désormais leur fille de «princesse». Panique chez les royalistes tatillons sur le vocabulaire.
En effet, ce titre honorifique fait l'objet d'intenses discussions depuis plusieurs mois - plus exactement, depuis la mort d'Elizabeth et la montée de son fils sur le trône.
Au cas où vous aviez perdu le fil de ces laborieuses tergiversations sur «qui s'appelle comment», Meghan et Harry clament à qui veut bien l'entendre depuis la naissance de leur marmaille que celle-ci mérite de porter un titre royal.
En leur qualité de petits-enfants du roi d'Angleterre, Lilibet et son grand frère Archie ont effectivement droit d’être d’authentiques «prince» et «princesse». On ne résiste pas au plaisir de vous ressortir cet édit obscur et trop long émis par George V en 1917, qui résume le protocole de la succession:
Or, il incombe à Charles III, et à lui seul de ratifier officiellement les titres de sa descendance.
Jusqu'à présent, le site web officiel de la famille royale n'avait jamais été modifié pour les petits Sussex. Jusqu’à ce matin, ils apparaissaient encore sous les noms de «Maître» Archie Mountbatten-Windsor et de «Mademoiselle» Lilibet Mountbatten-Windsor.
Autant dire qu'entre les tracas provoqués par Harry et Meghan au nouveau souverain et sa volonté de limiter les membres-clés de sa famille au strict minimum, Lilibet et Archie n'avaient aucune garantie de pouvoir faire usage un jour de ce privilège.
Il semblerait pourtant que le monarque, magnanime, ait fini par céder aux desiderata de son fils et de sa bru. Les nouveaux titres sont visibles depuis ce jeudi sur la liste de succession en ligne.
Côté britannique, une source du Daily Mail avance que le roi aurait donné son accord au cours d'une «conversation privée» il y a déjà plusieurs mois, juste après les funérailles de la reine. D'autres proches affirment que Charles n'aurait jamais osé «punir» ses petits-enfants en leur retirant ce titre symbolique.
Cette faveur fait déjà grincer des dents de ce côté-ci de l'Atlantique. Depuis leur fuite du Royaume-Uni pour vivre leur meilleure vie de Californiens en 2020, le duc et la duchesse n'ont jamais caché leur mépris envers la monarchie et ses traditions archaïques. Leur insistance pour conserver ce lien à la royauté semble, de fait, quelque peu contradictoire.
«Mais comme c'est toujours le cas avec l'oxymore Harry et Meghan, ils ne semblent pas voir l'hypocrisie qu'il y a à continuer de tirer profit de l'institution qu'ils critiquent constamment pour avoir fait de leur vie un calvaire.»
«Ils auraient pu se libérer de la tradition étouffante et des privilèges embarrassants, et embrasser pleinement la méritocratie scintillante de l'Amérique. Cela aurait été audacieux, progressiste et non élitiste, ce qui est exactement ce que cette paire prétend être», s'insurge pour sa part l'écrivaine Jan Moir dans le Daily Mail.
Reste à savoir si les royals hollywoodiens voudront venir profiter de leurs nouveaux noms en mai prochain, à l'occasion du couronnement. Pour l'instant, ils ne semblent toujours pas décidés.