La guillotine est tombée. Dans le strict respect des traditions monarchiques, Charles a décapité son fils. Proprement, sans bavure. Et surtout, sans un mot. Pas même le temps d'une «revenge interview», démarche pourtant familière aux royals et sur laquelle la presse comptait avec excitation fin janvier pour éclairer les sentiments du monarque et père déçu.
Aux assauts répétés d'Harry et Meghan, le roi a préféré répliquer avec une discrète violence. Au lendemain de la publication du brûlot Le Suppléant, sa décision est prise: priver les deux ingrats de leur précieux Frogmore Cottage. Leur dernier point d'ancrage sur sol britannique.
La résidence cossue de cinq pièces, au cœur du domaine de Windsor, est loin d'être juste une «location aléatoire», conservée par commodité. C'est une «vraie maison de famille», dans laquelle «chaque tiroir est plein, chaque placard rempli», s'étrangle une source anonyme. Autant de souvenirs que Meghan et Harry devront rapatrier de l'autre côté de l'Atlantique. On leur a donné jusqu'au couronnement pour tout emballer.
Le roi n'a pas seulement retiré au couple d'exilés le cadeau gracieusement accordé par sa défunte mère. Il a surtout coupé court à leur ultime possibilité de retour.
On murmure que William ne serait pas mécontent d'être débarrassé de son encombrant petit frère. «Il ne versera pas une larme si Harry ne s'en sort pas», glisse un ami du prince au Daily Beast. «William soutiendra la décision de son père, mais ce n'est un secret pour personne qu'il préférerait qu'Harry ne remette plus jamais les pieds en Angleterre.»
Comme ça ne suffisait pas, Charles a placé les clés de la maisonnée entre les mains poisseuses d'Andrew, le royal (con)damné qui traîne ses ours en peluche et sa réputation d'agresseur sexuel sur mineur comme un boulet.
Si la nouvelle, officialisée cette semaine, a fait frémir bien au-delà des cercles d'amateurs de bisbilles royales, le retrait symbolique de Frogmore Cottage n'est que le point culminant d'une vengeance de longue haleine. Charles n'a pas attendu l'expulsion pour faire sentir à son rejeton qu'il n'était plus la bienvenue. Aux gémissements bruyants du prince esseulé, la famille royale a opposé un bloc soudé.
Harry n'a jamais fait mystère de son sentiment d'isolement - ses mémoires en sont un développement de 400 pages. Du temps de sa grand-mère, l'éternel second gère déjà difficilement son rôle de reclus des bouts de table.
Les plans de la cérémonie de couronnement ne devraient pas apaiser l'ego blessé du «suppléant». Si les Sussex acceptent l'invitation - à supposer qu’ils reçoivent encore un carton -, ils devraient se voir catapultés aux derniers rangs de l'abbaye de Westminster.
Ce ne sera pas le cas de tout le monde. Sur décision de Charles, les petits-enfants de son épouse Camilla joueront un rôle actif, à l'avant-plan. Un traitement différé qui a certainement fait hérisser quelques poils, dans le manoir de Montecito.
Comment ne pas évoquer, justement, le traitement réservé à Camilla, la marâtre? Une méchante belle-mère de conte de fées, diabolique et manipulatrice, dont Harry a cultivé le mythe dans sa biographie jusqu'à friser la parodie. Une «ligne rouge» qu'il n'aurait pas dû franchir et qui, selon des initiés, a définitivement convaincu Charles de passer à l'acte.
N'en déplaise à Harry, la femme qui a pris la place de sa mère adorée est sur le point d'être récompensée pour ses vingt ans de loyauté. Camilla deviendra «reine» et non «reine consort». Un titre auquel feu la fougueuse et scandaleuse Diana n'aurait, sans doute, jamais pu prétendre.
Propulser Camilla au sommet de la hiérarchie de la maison des Windsor n'est pas que le reflet de la dévotion de Charles III envers celle qu'il décrit comme «l'amour de sa vie». C'est aussi une puissante marque de désaveu envers Harry.
A défaut de tendre la main à son fils, Charles III lui aura peut-être inculqué une bonne leçon: chez les Windsor, la vengeance se mange non seulement froide, mais surtout, bouche fermée.