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Elle a changé de genre et elle regrette

Nadia Brönimann
Nadia Brönimann a opéré une transition de genre il y a 26 ans.Image: ch media/silas zindel

Elle a changé de genre et elle regrette: «Mon âme n'allait pas bien»

En opérant une transition de genre, Nadia Brönimann espérait devenir une nouvelle personne. Mais son chemin a abouti à une impasse. Aujourd'hui, elle prend la parole et exprime des regrets.
24.08.2024, 07:0226.08.2024, 09:46
Annika Bangerter / ch media
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Lorsque les chirurgiens ont façonné le corps de Christian en celui de Nadia, les caméras étaient là. C'était il y a 26 ans. Aujourd'hui, Nadia Brönimann est à nouveau sous le feu des projecteurs. En cause: elle exprime son regret face à son changement de genre.

Assise sur le plateau de TalkTäglich, une émission de la chaîne de télévision zurichoise TeleZüri, elle a les cheveux coupés courts, symbole de son retour à son identité masculine. Aujourd'hui, on peut s'adresser à elle en tant que Christian ou Nadia, comme elle le déclare dans l'émission.

En l'écoutant, on se rend vite compte de la pression qu'a subie la femme trans pour se conformer à l'image binaire des genres. Combien de force il lui a fallu pour se présenter comme Nadia, pour être acceptée comme Nadia. C'est désormais terminé:

«J'ai appris à ne plus dépendre autant de ce que le monde extérieur pense de moi»

Mais cela a été un long processus.

Nadia Brönimann n'a jamais caché sa vie mouvementée. Dans des interviews, elle a notamment parlé de ses années de prostituée, de steward sur un yacht de luxe ou de drag queen. En changeant de genre, elle espérait pouvoir écrire une nouvelle page blanche. «Quand je suis devenue Nadia, j'ai espéré que la chirurgie ferait disparaître mes problèmes». Elle aspirait à devenir une nouvelle personne. Quelqu'un qui va bien.

«Mon âme n'allait pas bien»

Cette fuite d'elle-même a abouti à une impasse. Certes, par moments, elle avait l'impression que la voie qu'elle avait choisie était la bonne. Elle raconte avoir gagné en assurance. Mais en parallèle, elle remarquait que sa vie se résumait à jouer la comédie. «Mais mon âme n'allait pas bien», confie-t-elle. Cette âme qui ne se sentait pas à sa place dans le corps de Christian, pas plus que dans celui de Nadia.

Elle a longtemps hésité à revenir en arrière. Elle a un peu accepté sa situation, ainsi que les complications allaient avec. Elle a fait le deuil du corps de Christian et plus tard de Nadia, qu'elle a dû laisser partir.

«J'avais perfectionné Nadia vis-à-vis de l'extérieur. La transition m'a bien réussi. Mais réaliser que je courais après une illusion m'a fait mal»

Mais avant qu'elle ne poste le premier hashtag «detrans» sur les réseaux sociaux, des années se sont écoulées. Des années qui ont été nécessaires pour se réconcilier avec Nadia.

«Ce n'est que lorsque le calme et la paix se sont installés que j'ai pu ouvrir de nouvelles portes. J'ai constaté que mon voyage continuait à nouveau. Mais dans une autre direction.»
Nadia Brönimann

Elle a été trop longtemps fixée sur son corps. Maintenant, elle veut se sentir libre et ne pas se demander ce qui est masculin et ce qui est féminin. Mais elle n'y parvient pas encore tout à fait:

«Je dois me libérer de la pression de l'image que je donne à l'extérieur. C'est dur mais nécessaire»

Entre Christian et Nadia, elle ne veut pas choisir. Au contraire, elle ne veut plus se définir. Il y a 26 ans, lorsque Nadia Brönimann a décidé de changer de genre, la non-binarité était largement inconnue. A l'époque, on ne lui avait présenté que deux solutions. Elle assure qu'elle aurait pris une autre décision si cela avait été possible: «Cela aurait sans doute été plus cohérent et aurait fait moins de mal à mon corps.»

Persona non grata

Nadia Brönimann a toujours parlé publiquement de son parcours. Elle a donné un visage à la communauté trans et a contribué à lever le tabou autour de cette thématique. Parallèlement, elle a cherché à ce que l'on comprenne les personnes trans et s'est battue pour leur acceptation.

Il y a environ deux ans, elle est intervenue dans le débat sur les bloqueurs de puberté, ces hormones qui empêchent la production de testostérone ou d'œstrogènes, selon le sexe. La puberté est ainsi stoppée et la mue de la voix, ainsi que la pousse de la barbe ou la croissance des seins féminins sont bloquées. Nadia Brönimann a mis en garde contre cela. La puberté est une phase importante par laquelle il faut passer. Elle trouve «absolument irresponsable» d'utiliser de tels médicaments à cette période. Elle maintient encore cette position.

Mais cette attitude a fait d'elle une persona non grata au sein de la communauté trans, comme elle l'explique sur le plateau de TalkTäglich:

«Je ressens beaucoup de rejet et de haine de la part des cercles activistes de la scène trans»

Dans ce contexte, il n'est guère étonnant que sa «dé-transition» ne soit pas encouragée par la communauté. Nadia Brönimann regrette ce durcissement des fronts.

«Je ne peux que lancer un appel: prenons tous du recul. S'opposer les uns aux autres ne donne jamais un bon résultat»

Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder

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