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Deux princes disparus: ce mystère ressurgit à Londres

La mystérieuse disparition de deux princes à la Tour de Londres rebondit après cinq siècles.
Une nouvelle hypothèse avance que les deux princes ne seraient pas morts dans la Tour de Londres. Image: AFP

Deux princes disparus: ce grand mystère ressurgit à Londres

L'affaire de la disparition de deux fils du roi Edouard IV à la Tour de Londres est relancée cinq siècles après. La théorie selon laquelle ils ont été assassinés sur ordre de leur oncle Richard III se retrouve aujourd'hui contestée.
19.07.2025, 12:0019.07.2025, 12:00
Helen ROWE/afp
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En 1483, deux jeunes princes, fils du roi Edouard IV, disparaissaient à la Tour de Londres, donnant naissance à un grand mystère de l'histoire anglaise. Plus de cinq siècles plus tard, la théorie selon laquelle ils ont été tués par leur oncle Richard III est contestée.

Près de 200 ans après leur disparition, deux petits squelettes furent découverts dans une boîte en bois dans l'enceinte de la célèbre forteresse, et enterrés à l'abbaye de Westminster. Ces restes furent alors attribués — sans que cela ait pu être confirmé — aux fils du roi Edouard IV d'Angleterre: Edouard, 12 ans, l'héritier du trône, et Richard, 9 ans, qui auraient été assassinés sur ordre de leur oncle (et frère d'Edouard IV), Richard.

William Shakespeare a immortalisé ce dernier dans sa pièce «Richard III», le décrivant comme un bossu rusé qui s'est débarrassé de ses neveux pour s'emparer du trône. Mais l'auteure britannique Philippa Langley — qui a contribué à la découverte du corps de Richard III dans un parking de Leicester, dans le centre de l'Angleterre, en 2012 — avance désormais une nouvelle théorie: les princes auraient survécu.

Philippa Langley en 2013, avec un reconstruction de la tête de Richard III
Philippa Langley en 2013, avec un reconstruction de Richard III.Image: imago stock&people

Elle est convaincue que l'hypothèse selon laquelle Richard les a fait assassiner relève d'une version de l'histoire «écrite par les vainqueurs». Un article publié en 2015 à l'occasion de l'inhumation de Richard III à la cathédrale de Leicester, qui questionnait le fait que l'on honore un «meurtrier d'enfants», a accru son désir d'aller plus loin.

«J'ai toujours eu l'impression que cette histoire s’est développée sous le règne des Tudors», explique-t-elle. Puis a été répétée «maintes fois» jusqu'à devenir «une vérité acceptée comme un fait».

Une approche digne des enquêtes criminelles

Richard III a régné de 1483 à sa mort brutale à la bataille de Bosworth, près de Leicester, en 1485, à l'âge de 32 ans. Cette bataille marqua le dernier grand affrontement de la guerre des Deux-Roses, qui opposait deux branches de la maison Plantagenêt. Elle changea radicalement le cours de l'histoire anglaise: la dynastie des Tudors, menée par Henri VII, s'empara du trône aux dépens des Plantagenêts de Richard.

Pour Philippa Langley, Henri VII, «un individu très, très intelligent, mais profondément méfiant et paranoïaque», est à l'origine de la théorie qui a fait de Richard le meurtrier des princes.

«Il avait un vaste réseau d'espions travaillant pour lui. Et il était en mesure de contrôler complètement le récit»
Philippa Langley

Philippa Langley a décidé de revisiter l'affaire des Princes de la Tour de Londres en adoptant une approche digne des enquêtes criminelles modernes. Elle a sollicité des conseils méthodologiques d'un groupe de spécialistes issus du monde de l'investigation, dont des policiers et des avocats. «Ils m'ont dit: "Si vous n'avez pas de corps formellement identifiés, alors il s'agit d'une affaire de disparition. Et vous devez traiter l'enquête comme telle"», raconte Philippa Langley.

Quand elle a appelé à l'aide des bénévoles pour explorer les archives, elle a été submergée de réponses, de simples citoyens comme d'historiens médiévistes. Ce travail collectif a donné naissance au «Missing Princes Project» (le projet des princes disparus), un projet de dix ans qui, affirme-t-elle, a mis au jour de «nombreuses preuves» de la survie des princes.

Des conclusions qui divisent

Pour Philippa Langley, c'est désormais aux détracteurs de Richard III de démontrer que les deux jeunes princes sont bel et bien morts dans la Tour de Londres. «On ne peut plus affirmer que Richard III les a assassinés», affirme-t-elle. Au coeur de sa conviction: des documents récemment exhumés faisant état d'un soutien à une rébellion en 1487 menée par un «fils d'Edouard IV».

Cette rébellion est historiquement associée à Lambert Simnel, un prétendant au trône qui fut couronné à Dublin après la mort de Richard III. Or, selon les nouvelles sources mises au jour par l'équipe de Philippa Langley, Lambert Simnel était qualifié de «fils du roi Edouard». Il s'agirait, pour l'auteure, du prince Edouard, fils aîné d'Edouard IV.

Lambert SIMNEL Lambert SIMNEL 1477-1534 devenu de prince, marmiton apres avoir usurpe en Irlande l identite du prince Edouard Plantagenet, Comte de Warwick, alors emprisonne dans la Tour de Londres pa ...
Illustration de Lambert SimnelImage: www.imago-images.de

Mais ses conclusions divisent. Michael Dobson, directeur de l'Institut Shakespeare à l'Université de Birmingham, se montre sceptique.

«Il est peu probable que Richard ait pris le risque de laisser ces princes en vie. L'idée qu'ils aient simplement disparu par accident alors qu'ils étaient détenus sur ses ordres dans la Tour me semble très peu plausible»
Michael Dobson

Près de 550 ans après la mort des princes, le mystère n'est pas encore résolu.

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