Des cœurs, des smileys, des étoiles… et des coups de soleil au 2e degré. C’est l’une de ces tendances façon «a touché le fond, mais creuse encore», où l’on se demande si on est pas encore dans un épisode de Black Mirror. Le principe? S’appliquer de la crème solaire ou un sticker en forme de papillon, de cœur ou d’étoile sur une partie du corps, et laisser le soleil faire le reste.
Le résultat? Un bronzage différencié, qui laisse apparaître un «motif» en négatif. La peau autour grille, littéralement, pendant que la forme reste plus claire. Une «œuvre d’art», paraît-il. A ceci près qu’on est plus proche du bacon sur la plancha que du fine line tattoo.
@allyally012 Love these. Will keep darking it over the summer so they are really clear by the end. #arcane #jinx #arcaneleagueoflegends #arcanetattoos #tantattoo #suntattoo #summerideas #jinxtattoo ♬ The Line (from the series Arcane League of Legends) - Twenty One Pilots
Le hashtag #sunburntattoo cartonne sur TikTok: des vidéos léchées, des filtres pastels, et des jeunes béats face à leur nouvelle «déco cutanée». Tout ça dans une ambiance aesthetic, où le SPF moisit sagement au fond du sac.
Sauf qu’en fait, non; ce n’est pas mignon, c’est une brûlure volontaire. Les experts parlent même d’agression directe de l’ADN de la peau, avec risque accru de mélanome à la clé. Marrant, non? Non.
La tendance n'est pas nouvelle, sur les réseaux sociaux, elle revient chaque été. Mais cette fois, même le ministre français de la Santé Yannick Neuder est monté au créneau sur BFMTV.
Avec Clara Chappaz, la ministre déléguée au Numérique, il a même annoncé vouloir saisir les autorités européennes pour interdire ces contenus sur les plateformes. Objectif: que TikTok arrête de servir du cancer de la peau à tous les scrolls sur fond de musiques tendance.
@thew.lifestyle Remember to apply your sunscreen properly! He didn’t and got burned☀️
♬ son original - WAFA ♡
Santé publique France et l’Institut national du cancer soutiennent ce coup de gueule: non, il n’existe pas de bronzage «safe». Non, s’exposer au soleil à 14 heures sans protection pour se faire un papillon ou une étoile sur l’épaule n’est pas «tendance», c’est «juste» potentiellement mortel.
Il est de bon ton de rappeler que chaque exposition excessive augmente le risque de tumeurs cutanées, et pas qu’un peu. On parle ici d’un effet cumulé, où chaque coup de soleil compte, surtout les plus violents, qui sont littéralement ce que ces vidéos cherchent à obtenir.
Alors oui, on le sait, sur les réseaux, c’est la course à qui inventera la prochaine tendance; il faut trouver comment sortir du lot, griller à la plage, telle une merguez. Mais si être original, c’est s’endommager durablement la peau pour cinq secondes d’attention sur TikTok, il y a peut-être un filtre à s’appliquer… au cerveau.
@drdrayzday Sunscreen tattoo? What could possibly go wrong. #suntan #tanning #dermatologist @Ally Haase ♬ original sound - Dr Dray | Dermatologist
Bronzer, ce n’est pas se faire griller. Ce n’est pas se décorer au 2e degré. Ce n’est pas un DIY carcinogène pour gens désœuvrés les jours de canicule. C’est surtout, en 2025, un geste qui devrait être encadré, protégé, et limité. Crème SPF 50, lunettes, casquette, ombre, et un peu de jugeote. Certes, ça ne fait pas beaucoup de likes, mais au moins, ça ne finit pas en biopsie et en diagnostique dramatique.