Le bonhomme avait un pedigree de parachutiste chevronné dans l'armée autrichienne, il s'était perfectionné une vie entière pour devenir un artiste des airs au sac-harnais sur le dos.
Felix Baumgartner est mort tragiquement après avoir fait un malaise et perdu le contrôle de ses ficelles et de sa voile, à l'âge de 56 ans, 13 ans après avoir sauté depuis la limite de l'espace et fasciné le monde.
Ce 14 octobre 2012, l'Autrichien est devenu le premier homme à franchir le mur du son en chute libre après avoir sauté d'une altitude de 39 376 mètres.
Athlète de l'extrême au tatouage «born to fly» (né pour voler), adepte de citations lourdes et aux positions politiques discutables, Baumgartner m'a fait vivre un truc, une expérience marquante qui m'a scotché devant mon écran.
Il m'a fait voir la Terre en direct, vibrer dans un instant, comme suspendu dans le temps, lui, lorsqu'il était à des milliers de kilomètres au-dessus de nos têtes.
Sa carcasse lancée dans le vide, arrachée de ce ballon stratosphérique, fait de bandes de film ultra-fines, qui l'emmenait vers les étoiles et peignant la grandeur du cosmos autour de lui.
Il aura cette phrase:
J'ai regardé cette comète humaine, la mâchoire décrochée, amorcée sa chute libre de 4 minutes et 19 secondes et tenté de comprendre l'incroyable force qui s'abattait sur son corps.
Sa respiration saccadée, ses cris enregistrés et retransmis, alors qu'il se battait pour garder le contrôle de ses mouvements. Le simple fait de se lancer à conquête du mur du son était une folie en soi et me faisait considérer la fragilité de nos corps.
C'était un instant pesant, inquiétant, mais follement intense, qui me rappelait encore un peu plus à mon existence si délicate. Les réflexions s'enchaînaient au fond de moi devant la descente infernale d'un homme qui repoussait les frontières humaines.
L'exploit du parachutiste autrichien, noyé dans les bulles d'un marketing encombrant d'une marque de boisson autrichienne, avait un goût de folie et de philosophie en même temps. Baumgartner était bel et bien entré dans la catégorie des furieux de la vie si chère à l'écrivain Jack Kerouac, en rappelant la puissance des cieux et notre vulnérabilité face à eux.
Et 13 ans plus tard, ce tour de force est souvent rangé aux côtés des prouesses sportives, là où des actions de football ou de hockey sur glace se succèdent. Tout cela est au-dessus du sport; ce saut était plus que ça, il tient une place de choix dans les succès notables de la race humaine.
Toutes proportions gardées, il est un événement qui emprunte des sentiers traversés par la mission Apollo 11, le 21 juillet 1969. Il nourrit une réflexion sur l'immensité de l'Univers et ses secrets infinis. Là où l'imagination de l'individu offre diverses constructions mentales. Si bien que les théories complotistes ont fleuri à la suite du saut de Baumgartner, remettant en question la véracité des images et la manière dont la marque de boisson énergisante a mis en boîte ce saut.
La place de Felix Baumgartner ne sera pas celle de Neil Armstrong dans les livres d'Histoire, oh que non, loin de sa citation devenue mythique (un petit pas pour l'Homme, un grand pas pour l'humanité). Toutefois, le 14 octobre 2012, à Roswell, aux Etats-Unis, l'Autrichien a perpétué la faculté de la race humaine à se dépasser.