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Humeur

Laissez le cul de Taylor Swift tranquille, bordel!

Laissez le cul de Taylor Swift tranquille, bordel!
Celle qu'on peut aisément qualifier de queen des Etats-Unis a l'outrecuidance d'avoir, en maillot de bain, un peu de gras ici ou là.Image: dr
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Laissez le cul de Taylor Swift tranquille, bordel!

Taylor Swift et Travis Kelce ont passé quelques jours aux Bahamas. Les cons des réseaux sociaux, eux, n'ont pas pris de vacances, et s'en sont donné à cœur joie pour critiquer le corps de l'artiste, immortalisée par les paparazzis. Ça vous dit qu'on envoie chier ces connards et leur body shaming ensemble?
26.03.2024, 18:5126.03.2024, 21:46
Margaux Habert
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Le cul, le ventre de «femme enceinte», le gras, les bourrelets, les cuisses... Les commentaires haineux sur le physique de Taylor Swift ont déferlé sur les réseaux sociaux après la publication de clichés de paparazzis dans la presse people.

Sur cette série de photos volées, on peut voir l'artiste main dans la main avec son amoureux, le joueur de football américain Travis Kelce, lors de leur escapade aux Bahamas il y a quelques jours, dans une eau turquoise qui rendrait jaloux n'importe qui.

Alerte! Du gras!
Alerte! Du gras!Image: page six

Mais ça n'est pas la destination, le sable fin ou l'eau tiède qui titillent les haters, toujours prêt à ouvrir grand leur gueule pour taper sur le bonheur des autres. Non. En 2024, c'est encore et toujours sur le physique de l'Américaine de 34 ans que les cloportes des réseaux sociaux s'agitent.

Celle qu'on peut aisément qualifier de queen des Etats-Unis a l'outrecuidance d'avoir, en maillot de bain, un peu de gras ici ou là. Il n'en fallait pas moins pour que ces débiles bercés trop près du mur se demandent si Taylor Swift est enceinte, pourquoi elle n'a pas «un meilleur corps», clamant que l'Américaine «s'épaissit», ou s'interrogeant encore sur ce qu'il a bien pu lui arriver pour qu'elle ait ce «bide à bière».

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Celle qui remplit des stades à travers la planète, dont les concerts à guichets fermés provoquent de petits tremblements de terre (au sens sismologique du terme), qui fait tourner l'économie locale dans chaque ville, chaque région, chaque pays où elle se produit et qui a gagné quatorze Grammy Awards est ainsi jugée pour son physique. Un corps de femme de 34 ans qui, si j'ose moi aussi me laisser piéger à ce jeu répugnant du commentaire, a l'air plutôt sain, relativement athlétique, avec un brin de normalité, une once de gras. «Ni trop, ni trop peu».

Puisqu'on y est, vous voulez savoir combien de commentaires âcres et débiles j'ai pu lire sur le physique de Travis Kelce, sous cette même publication Instagram de Page Six d'où sont issus les commentaires précédents?

Trois, en scrollant un bon bout. Des messages du genre «Le mec est sportif et il a pas de six-pack, LOL». Mais également «C'est lui qui inspire Taylor pour le dad bud?». Encore une fois, la crème de la crème des trolls d'internet, ceux dont le berceau a pris feu et qu'on a éteint avec une pelle.

On s'énerve, on s'énerve, mais ça n'est de loin pas la première fois que la chanteuse fait face à ce genre de remarques stupides et dégradantes sur sa silhouette. Faire la cover d'un magazine qui titre «Taylor enceinte»? Check. Celle-ci date de 2012, l'artiste fête ses 23 ans.

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Rebelote avec cette couverture et son titre particulièrement élégant: «Enceinte! Qui est le père?». C'était en 2016. D'autres unes du même acabit complètent la liste.

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Ces magazines avaient trouvé normal à l'époque de s'en prendre à une jeune femme qui a l'outrecuidance d'avoir, sous sa jupe, de la chair, pas mal de muscles, une pincée de gras, et des organes vitaux, créant ainsi ce qu'on appelle «un ventre». Des remarques qui ont contribué à déclencher des troubles alimentaires chez l'Américaine, scrutée sous tous les angles en permanence. Bah oui, sinon c'est pas drôle.

La chanteuse s'était d'ailleurs confiée sur ses troubles dans le documentaire Miss Americana sur Netflix en 2020. Sur son corps très, très mince, sur ses réponses toutes faites lorsqu'on le lui faisait remarquer, sur le sport à outrance, sur sa capacité à s'affamer... Mais aussi sur sa prise de conscience et l'acceptation de son poids, en sachant pertinemment qu'elle allait ensuite devoir faire face à la «spirale de détestation». Un documentaire dans lequel la jeune femme se livre, utilisant le mot «honte» en boucle.

Moi aussi, je vais vous confier un secret

Allez, puisqu'on est dans les confidences, vous voulez que je vous dise? En fait, ça me saoule de devoir défendre Taylor Swift. Son corps, son mec, son corps à lui, et leurs petites poignées d'amour sur une plage, alors qu'ils sont tranquilles en amoureux et ne dérangent personne. Je ne suis même pas vraiment fan de sa musique, je ne saurais pas vous citer un seul de ses titres. Mais ça n'est pas pour ça que j'écris.

En 2024, ça me désole de constater qu'on doit encore perdre du temps à souligner que critiquer le corps des autres, planqué derrière un écran, c'est démontrer qu'on est une sale ordure. Car au fond, Taylor Swift, son ventre, ses fesses, et les commentaires sous ses photos de vacances, ça n'est même pas le sujet. Mais elle incarne un nombre de femmes (et une poignée d'hommes, aussi) à qui on a laissé croire que la valeur d'une personne se compte sur une balance.

Taylor Swift représente une quantité industrielle de femmes à qui on dit «t'es enceinte?!» quand un ventre a le toupet d'être bombé, quand un cul a le culot d'être rebondi, quand des cuisses ont l'audace d'être charnues. Saluons aussi toutes ces personnes qu'on n'hésitera pas à pointer du doigt parce qu'elles auront mangé un croissant au lieu de se mettre un doigt au fond de la gorge. N'oublions pas celles à qui on dit aussi «mais MANGE!» avant de leur dire «molo, t'as pris du poids, là...».

Ça me fatigue, ça me chagrine, ça me désole de devoir prendre une partie de mon après-midi pour défendre Taylor, et toutes les autres victimes des abrutis d'internet. Vous, eux, nous, moi. Toutes celles et ceux à qui on a déjà fait au moins une fois un commentaire sur un bout de gras qui déborde, un os un peu saillant qui dépasse.

Et je déteste le mot «victimes», ces personnes ne répondent à ce qualificatif que parce qu'il existe des connards planqués derrière un écran. En 2024, ça me fait chier de constater qu'on doit encore défendre le cul de Taylor Swift, le vôtre, le mien, face à un body shaming encore trop souvent banalisé.

Et si vous, vous êtes des fans de Taylor Swift...

Faites la connaissance de cet admirateur suisse qui va vous donner la pêche:

Vidéo: watson

Allez, encore deux articles sur la chanteuse pour la route:

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