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Versace: Les langues se délient après le départ de Donatella

Des sources de l'industrie de la mode ont déclaré à Page Six que Donatella Versace n'est désormais plus autorisée à utiliser son nom de famille pour toute autre marque qu'elle pourrait  ...
L'annonce du départ de Donatella Versace, 69 ans, de la direction artistique de la maison de couture italienne familiale, a suscité beaucoup d'émotion.getty/watson

Donatella «évincée»? Les langues se délient après son départ de Versace

Suite au retrait de la figure de proue de la maison italienne, des initiés n'hésitent pas à dénoncer une «éviction» brutale et des «plans de longue date» pour écarter Donatella Versace.
17.03.2025, 16:5817.03.2025, 16:58
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Rififi en vue dans le petit monde feutré du luxe mondial. Pendant que les aficionados et les fidèles de Donatella commencent tout juste à sécher leurs larmes, suite à la nouvelle de son départ en tant que directrice artistique après presque 30 ans de bons et loyaux services, d'autres initiés montent déjà au créneau pour décrier la manière dont la créatrice iconique aurait été «écartée».

Au fond, rien de très étonnant. Voilà des mois que les spécialistes de l'industrie se font l'écho de désaccords et de litiges au sein de la société, dans un contexte de difficultés financières et de chute de la demande mondiale de produits de luxe.

Aux origines de la déroute

Pour comprendre ces rumeurs de conflits, il faut remonter à 2018. Lorsque Donatella, à la tête de l'entreprise familiale depuis le meurtre de son frère bien-aimé Gianni, conclut un hallucinant contrat de vente de plus de 2 milliards de dollars avec John D. Idol, patron du géant du luxe «Capri Holdings».

Voilà des mois que ce puissant homme d'affaires américain lorgne sur la marque à la méduse. Lui qui a fait de Michael Kors une marque à l'envergure mondiale ambitionne de faire de Versace, à l'époque déjà l'une des maisons de mode les plus célèbres et les plus désirables du monde, le joyau de sa collection. La pièce maîtresse qui lui permettra de se hisser au niveau des grands groupes rivaux européens, comme LVMH ou Kering.

Alors qu'il promet aux investisseurs monts, merveilles et un doublement du chiffre d'affaires de la maison, Donatella Versace, elle, place également de «grands espoirs» dans ce partenariat et la garantie de maintenir l'héritage familial.

Plusieurs difficultés

Mais en coulisses, le conte de fées tourne vite au désenchantement. Deux ans après la conclusion de l'accord, Emmanuel Gintzburger est nommé PDG de Versace et doté de la délicate mission de dynamiser l'entreprise à l'échelle mondiale, ce qu'il avait très bien su faire chez Saint Laurent et Alexander McQueen.

Sauf que le «goût exceptionnel» et l'«expertise du luxe» d'Emmanuel Gintzburger ne suffisent pas à lui épargner de multiples difficultés: à commencer par la pandémie de Covid-19, un coup dur pour l'ensemble du groupe et qui fait chuter drastiquement ses ventes de 70% au premier trimestre de 2021.

Puis c'est à l'inévitable succession du pilier de la marque qu'est confronté le PDG: Donatella. Comme le rappelait le média Puck News en décembre dernier, la designer de renommée mondiale, qui connaît la marque mieux que quiconque, a signé un contrat de cinq ans lors de la vente de l'entreprise. Mais Versace a besoin d'un plan de succession qui aille au-delà.

«Dans un monde idéal, Capri aurait engagé un autre créateur pour travailler en tandem avec elle, à la manière de Raf (Simons) et Miuccia (Prada), mais tous ces casse-têtes ont retardé tout projet»
Puck News, en décembre 2024

Mais nous ne vivons pas dans un monde idéal. Et si Donatella n'a aucun problème à aborder le sujet de «l'après» (c'est elle qui aurait posé le nom de son successeur annoncé, Dario Vitale, sur la table), elle acquiert peu à peu la conviction d'être «délibérément poussée dehors», selon des sources bien renseignées de l'industrie.

«Donatella commençait à être sapée. Sa direction créative n'était pas non plus respectée à sa juste valeur»
Des sources de Page Six

En effet, les divergences artistiques avec le directeur général de la société, John Idol, vont croissant. Après la pandémie, le PDG souhaite séduire un public plus large en misant à fond sur la carte du «quite luxury» tellement en vogue.

Selon le Wall Street Journal, il enjoint donc la créatrice artistique à «adoucir» ses looks signature, y aller mollo sur l'imprimé léopard et miser sur l'élégance plutôt que sur le côté« tape-à-l'oeil» qui a toujours fait le succès de la maison italienne.

«Donatella respectait le sens des affaires de John Idol mais estimait qu'il sapait son autorité en matière de design. Elle évitait les confrontations directes et les réunions»
Des personnes proches du dossier, dans le Wall Street Journal

Bon gré mal gré, pourtant, Donatella se plie aux désirs du patron. Lors du défilé automne-hiver 2021, un nouveau look Versace est donc dévoilé, tout en tons noirs et marron. La critique se révèle lapidaire: «On ne vient pas chez Versace pour porter du marron», s'insurge la presse spécialisée. «Dès le premier jour, il est évident que [Capri] a voulu lui couper les ailes», crache un initié de la mode basé à New York auprès de Page Six.

Rien à voir avec les débuts.
Rien à voir avec les débuts.image: versace
«Donatella est la seule chose qui ait attiré les gens chez Versace. Ils essaient de la rendre responsable de tous les problèmes, alors que tout le monde sait, en interne, que tout cela est dû à une mauvaise gestion»
Un initié de la mode new-yorkais, chez Page Six

Bien que Donatella «sera toujours l'ADN de la marque» et que «les gens l'adorent», la réalité est qu'il devait y avoir un plan de succession, conclut une source. Et le résultat est le même. En vertu du contrat qu'elle a signé lors de la vente de Versace, la créatrice à la chevelure platine et à la patte si reconnaissable n'est plus autorisée à utiliser son nom de famille pour toute autre marque qu'elle pourrait lancer.

Quant à la maison de couture cultissime fondée par Gianni Versace en 1978, c'est entre les mains du groupe Prada qu'elle pourrait passer prochainement, redevenant ainsi une propriété italienne.

Preuve de cet intérêt, le PDG du groupe, Andrea Guerra, s'est envolé pour New York plus tôt la semaine passée, selon un informateur à l'agence Reuters. Un mal pour un bien? Ce n'est plus tellement du ressort de la famille fondatrice. Affaire à suivre.

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