Dans un minuscule message de 4 lignes, 50 mots et 270 caractères, Isabelle Mergault a fait ressurgir toute la douleur du deuil et la culpabilité qui l'accompagne parfois. «Ma mère est morte il y a huit ans et c’est seulement maintenant que j’ai décidé de supprimer son numéro dans mes contacts, a écrit l'actrice et réalisatrice française sur le réseau social «X».
Son intervention a suscité de nombreux commentaires, à commencer par celui-ci: «Il n'y a rien d'irrationnel dans l'amour éternel pour une maman». Mais ce que les internautes ont surtout tenu à exprimer dans leur réponse, c'est leur manière de réagir au décès d'un proche.
Beaucoup ont ainsi reconnu qu'ils n'effaçaient pas le contact de l'être aimé dans leur téléphone portable. «J'aurais l'impression de le faire mourir une deuxième fois», a admis l'un d'eux. Un sentiment que l'on devine en creux dans beaucoup d'autres réactions.
La plupart des gens ne font rien de ce numéro. Ils le conservent dans leur répertoire comme un souvenir précieux, un lien symbolique qui les rattache encore à la vie d'autrefois. Mais certains l'utilisent toujours.
«Nous avions des clients qui demandaient à garder une ligne ouverte, ne serait-ce que pour entendre le message d'accueil», a expliqué sur «X» un internaute se présentant comme «un ancien opérateur téléphonique».
On devine que pour certains, supprimer un contact ne revient pas à faire mourir un proche une seconde fois, mais plutôt à prendre définitivement congé du disparu, à accepter de le laisser partir tout à fait. Une action qui témoigne aussi de notre rapport au téléphone portable, ce petit boîtier dans lequel nous avons rangé toute notre vie, et qui nous relie à tout ce qui nous est précieux.
Une internaute explique ainsi le chagrin qu'elle a ressenti lorsqu'elle n'a plus entendu la voix de sa défunte mère au téléphone:
Même si la plupart des intervenants de la discussion partagent le sentiment et la douleur d'Isabelle Margault, on en trouve aussi qui refusent d'attribuer une quelconque portée symbolique à la conservation d'un contact téléphonique. Peut-être parce que c'est trop dur d'avoir le numéro de quelqu'un qu'ils aimeraient tant appeler, mais qui jamais plus ne leur répondra.
D'autres estiment sans doute que la suppression définitive du contact est une étape à passer pour accepter la vie qui continue, malgré tout.
Isabelle Mergault ne s'attendait pas à autant de témoignages. La Parisienne de 66 ans l'a reconnu dans une publication dans laquelle elle a semblé émue et apaisée.
Ils disent beaucoup en effet de ce que sont nos liens aux autres, dans la vie, mais surtout dans la mort.