Il est 23h17, un vendredi soir, dans un bar en Espagne. Ça boit des caïpis, ça rit fort et ça chante faux. La recette parfaite pour ouvrir le tiroir des histoires de cul, entre deux gloussements et trois tequilas.
Quatre filles, une douzaine de shots vides et des pénis par dizaines dans la conversation. Si nous sommes toutes bien volontaires quand il s'agit de raconter nos expériences sexuelles jusque dans les moindres détails, lorsqu'il faut visualiser les pénis concernés, c'est le trou noir. Jusqu'à ce jour, nous pensions que la tequila était responsable de cette mémoire défaillante (ou sélective). SAUF QUE NON.
Nous ne sommes pas les seules à avoir oublié à quoi ressemblaient les sexes de nos ex. Pourquoi diable ces pénis, dont certains ont pourtant été regrettés, ne sont-ils pas mieux imprimés dans nos mémoires? Vice s'est aussi posé la question et a interrogé une thérapeute sexuelle. Et selon cette dernière, quantité de raisons peuvent expliquer ce que le média appelle poétiquement «l'amnésie de la bite».
Le stress n'est pas le seul responsable de cette amnésie ciblée. L'experte enfonce une porte ouverte en expliquant que l'alcool peut également contribuer à cet oubli. «La fatigue ou les troubles du sommeil aussi», ajoute Georgina Vass.
Il n'y a pas que ces facteurs nuls qui justifient cette perte de mémoire. La thérapeute sexuelle avance des pistes plus positives, comme le fait que si on ne se rappelle généralement pas de la tête d'un pénis, on se souvient en revanche plus facilement des sensations qu'il a provoquées.
Une théorie largement confirmée auprès des personnes à qui j'ai pu poser la question dans la rédaction de watson. «L'objet pénis» en lui-même, non, les résultats de ses pérégrinations, oui.
Certaines collègues nuancent toutefois cette affirmation lorsque les pénis concernés étaient «différents».
Ma collègue reconnaît tout de même avoir encore en tête ceux qui avaient un signe distinctif, comme un grain de beauté, une tache de naissance, une longueur ou un diamètre disproportionnés. «Au même titre qu'un visage, en fait. On se rappelle plus difficilement des gens qui ont une tête hyper ordinaire», ajoute Pauline*. Une autre collègue précise qu'elle se souvient en revanche très bien de ceux qui étaient circoncis ou non. «Pas moi», rigole Brigitte* en se mêlant à la discussion.
Et quand le pénis est «classique», ni trop grand, ni trop petit, ni tordu, «ni en forme de poignée de porte», ajoute une collègue qui a dû vivre une expérience fort enrichissante, c'est plutôt l’environnement dans lequel le sexe s'inscrit dont on se souvient. Le plus souvent, c'est la pilosité qui est mentionnée.
Une autre collègue abonde, assurant que les seuls qui sont restés gravés dans sa mémoire sont les sexes «beaucoup trop grands, quand ça fait un peu mal»... ou dont l'hygiène était parfois approximative.
À pénis «égal», difficile ainsi de les différencier. «Si on me donne un album Panini de pénis classiques, je serais incapable de reconnaître mon équipe.»
La mémoire est davantage sensorielle que visuelle, rappelle Georgina Vass à Vice, arguant qu'on se souvient de ce que nous a fait ressentir un rapport sexuel, pas de l'apparence du sexe en question. «Mais c'est valable pour d'autres choses: vous ne vous rappelez probablement pas non plus de la couleur de ses chaussettes», conclut la spécialiste.
Quid des sexes et des poitrines des femmes dans la mémoire de ces messieurs? «Je suis sûr que si tu nous demandes à la cantonade dans l'open space à quoi ressemblent les seins de nos ex, on s'en souviendra mieux que vous», se vante Fabrice*. «On va te le prouver, prépare un deuxième article», surenchérit un autre.
OK. Rendez-vous est pris!
*noms connus de l'auteure, qui promet de ne pas balancer (en échange d'une rançon).