Ces ados romands explorent «des lieux très surveillés» et ça énerve
«Nous avons déjà porté plainte pénale et nous continuerons à le faire. A notre demande, la police est déjà intervenue sur place». Des plaintes, le groupe Orllati en a déposé des tas suite aux multiples intrusions et dégradations à l'usine de Chavalon, à Vouvry (VS). Il faut dire que l'ancienne centrale thermique, à l'arrêt depuis 1999, est devenue un haut lieu de l'urbex en Suisse.
Le groupe vaudois déplore «ce type d'intrusions illégales et dangereuses sur un site industriel privé, tout comme les effractions et dégâts commis». Fait étonnant, de son côté, la police valaisanne assure par écrit «n’avoir connaissance d’aucune infraction commise dans ce cadre».
Mais Orllati n'est pas le seul à s'activer contre cet art qui consiste à se faufiler au milieu des ruines d'une bâtisse délaissée. Le cas du sanatorium des Chamois, situé à Leysin (VD), un autre lieu très couru, l'illustre parfaitement. «Une plainte a été déposée par le propriétaire», nous confirme la police cantonale vaudoise.
Faut-il rappeler qu'en Suisse, les propriétés abandonnées sont protégées par la loi, ce qui rend leur accès illégal sans autorisation.
Ignorant la loi, les adeptes d'urbex, visitent ces espaces à l'abandon à travers toute la Suisse romande. L'exploration ne leur suffit pas, ils diffusent, en plus, leurs exploits sur les réseaux sociaux, TikTok en particulier. Sur Instagram, dès que vous tapez «urbex», les recherches sont bloquées.
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Derrière les nombreux profils de tiktokeurs que l'on a pu consulter, on trouve des explorateurs plutôt jeunes, le visage masqué par une cagoule. Leur âge varie entre 13 et 19 ans. Et certaines dépassent facilement le million de vues sur TikTok.
Eric*, un Vaudois de 14 ans, possède un compte à plusieurs milliers d'abonnés. Il nous confie qu'il fait de l'urbex «pour le fun et pour poster des vidéos sur les réseaux sociaux».
Camille, 16 ans et Valaisanne, nous confie que cela fait deux ans qu'elle arpente des lieux interdits ou abandonnés. Pour notre exploratrice, qui affectionne les sorties clandestines dans son Valais natal et dans le canton de Neuchâtel, il est grisant d'apprécier l'oeuvre des années. Elle explique:
Elle s'est rendue une fois à la fameuse usine de Chavalon en Valais. Elle a trouvé l'endroit absolument unique, perché dans la montagne. «L'usine est restée plus ou moins intacte. La salle de contrôle est très surprenante à découvrir.»
Les images 👇
@urbexsln Beautitul power plant in Switzerland 🇨🇭 #urbex #powerplant #abandonedplace #switzerland #fyp @xatid.climbss2 @urbexxx_187 @Climbex🗼🏚🚄 @Hugo Moscetti🇫🇷⚜️🇪🇺 ♬ starly - Slowed - LONOWN & riserayss
Passionnée par la photographie, Camille souligne l'esprit de camaraderie qui règne au sein de sa clique. Parfois, l'équipe à laquelle appartient l'adolescente gonfle ses rangs grâce à d'autres adeptes rencontrés sur TikTok.
Et la peur dans tout ça? «Il y a bien eu une fois, lorsque nous explorions un endroit où j'ai eu une frayeur. Une autre équipe d'urbexeurs se trouvait à l'étage», déclare amusée notre interlocutrice. Et parfois, pour effrayer les futurs visiteurs, des petits malins dessinent des cercles pour faire croire à des rituels sataniques.
@urbexsln 🇨🇭😍 #urbex #abandonedplaces #explore #lostplaces @X.plorUrbex_187🥷 @𝐔𝐫𝐛𝐞𝐱 @187_explore 🔦🇨🇭 ♬ son original - urbexsln
D'autres urbexeurs hésitent, par exemple, à s'aventurer dans un lieu vierge du moindre tag. Pas pour Camille, comme elle nous le décrit:
Et nos urbexeurs ont-ils la trouille de se faire arrêter par la police? «Non, pas vraiment», souffle Camille:
Que disent les autorités?
«La pratique de l'urbex est connue sur le territoire du canton de Vaud, mais pas de manière inquiétante», souligne un porte-parole de la police cantonale vaudoise. Mais que risque un urbexeur s'il se fait prendre sur les lieux? Le secrétariat général de l'ordre judiciaire (OJV) pointe:
Les motifs comme la violation de domicile ou les dommages à la propriété sont le plus souvent retenus.
Même si les propriétaires semblent commencer à perdre patience et à enchaîner les plaintes pour dissuader les explorateurs, les différentes polices cantonales contactées assurent que «cette activité ne constitue pas une problématique à l’heure actuelle».
Les autorités contactées assurent qu'«aucun accident n'est à déplorer à ce jour» tout en affirmant que les lieux qui font le bonheur des urbexeurs sont surveillés de près.
