Stephanie Case, 39 ans, avocate en droits de l’homme à l’ONU et marathonienne d’élite, a pris le départ de l’UTMB Ultra-Marathon en North Wales le week-end dernier sans nourrir de grandes ambitions, comme elle l’a écrit sur Instagram après la course.
Écartée des compétitions pendant un certain temps en raison de la maternité, Case avait pris le départ du peloton une demi-heure après le groupe d’élite. Elle ignorait donc à quel rythme elle courait par rapport aux meilleures. Un hasard qu’elle considère comme une chance: elle s’est élancée, selon ses propres mots, «dans une heureuse ignorance de ma position», c’est-à-dire sans savoir à quelle place elle se situait exactement dans la course.
Elle a toutefois rapidement constaté qu’elle n’avait rien perdu en trois ans. «Être mère m’a donné plus de force et de plaisir dans ce sport. Cela m’a brisé le cœur de devoir laisser Pepper à chaque poste de ravitaillement, mais je voulais nous prouver à toutes les deux ce dont les mères coureuses sont capables», écrit Case sur Instagram.
Ce qui peut paraître fou au premier abord n’est en réalité pas un cas isolé. Bien au contraire: Stephanie Case s’inscrit dans une tendance où des performances d’exception suivent une naissance. En février dernier, la joueuse de tennis suisse Belinda Bencic a remporté son premier tournoi WTA en tant que mère. Dans le podcast Tennis Insider Club, elle a tenu un discours proche de celui de Case: «Je ne m’y attendais vraiment pas.» Elle explique qu’elle était simplement très détendue et qu’elle n’avait pas trop réfléchi au fil du tournoi. Pourtant, beaucoup lui avaient affirmé auparavant qu’il était impossible de retrouver un tel niveau après avoir donné naissance.
Dans le domaine de la course à pied en particulier, de nombreuses femmes constatent une amélioration de leurs performances après un accouchement. Un phénomène expliqué depuis quelque temps déjà: la hausse de la production hormonale durant les premières semaines de grossesse peut avoir un effet bénéfique sur les capacités physiques.
Les niveaux d’œstrogènes augmentent nettement pendant la grossesse, ce qui exerce également un effet anabolique, explique la médecin du sport Sibylle Matter. En conséquence, le débit cardiaque — c’est-à-dire la quantité de sang pompée par le cœur vers le corps en un temps donné — augmente. Cet effet ne peut toutefois être maintenu après l’accouchement que si l’on a pu continuer à s’entraîner jusqu’à la fin de la grossesse, précise-t-elle. Et même dans ce cas, le gain de performance reste faible, de l’ordre de un à deux pour cent.
«Une amélioration aussi importante que celle de Case ne peut donc pas s’expliquer uniquement par ce facteur», ajoute Matter. Des éléments psychologiques interviennent certainement, comme la joie d’avoir un enfant et le plaisir de pouvoir courir à nouveau.
La rapidité avec laquelle une coureuse retrouve son niveau d’avant la grossesse dépend aussi des circonstances de l’accouchement. Case en est consciente, comme elle l’écrit sur Instagram: les histoires de ce week-end peuvent inspirer certaines personnes, mais en décourager d’autres. «J’ai la chance d’être en bonne forme physique après la naissance — même si, pour être honnête, cela a nécessité beaucoup de travail du plancher pelvien!» D’autres n’ont pas cette chance.
Le sport de haut niveau, comme les ultramarathons, n’est pas sain sur le long terme, estime la gynécologue du sport Nina Kimmich de l’Hôpital universitaire de Zurich. «Mais certaines personnes en tirent une énergie positive, car cela leur permet de gérer leur stress ou de se prouver quelque chose. D’autres jouent d’un instrument de musique.» Selon Kimmich, il ne faut pas se comparer aux autres, mais plutôt à son propre niveau d’exigence.