Stefan Küng nourrissait de grandes ambitions dimanche sur les routes de Paris-Roubaix, la classique convenant le mieux à ses qualités personnelles, et ce, même si la victoire semblait inenvisageable, en raison de la présence des ogres Mathieu van der Poel et Tadej Pogacar. Un podium comme celui obtenu il y a trois ans ou un nouveau Top 5 comme ceux conquis en 2023 et 2024 semblaient en revanche atteignables.
Surtout que le Thurgovien a rassuré en cette campagne de classiques, se classant sixième du Grand Prix E3, neuvième d'A travers la Flandre et 7e du Tour des Flandres. Il s'était auparavant distingué sur le Het Nieuwsblad, uniquement repris à la flamme rouge après avoir tenté sa chance en solitaire.
Küng apparaissait donc «confiant» avant Paris-Roubaix, mais aussi rassuré, le coureur de la formation Groupama-FDJ ayant changé beaucoup de choses cet hiver dans sa préparation. Exemple: il a choisi un nouvel entraîneur, avec lequel il accorde une plus grande importance aux efforts courts. «Nous avons renoncé aux entraînements derrière Derny», a-t-il en outre fait savoir à l'Agence télégraphique suisse.
Or malgré les modifications entreprises et l'excellente forme du moment, son Paris-Roubaix 2025 a tourné au vinaigre. C’était pourtant «la course parfaite jusqu’à Arenberg», a décrypté son directeur sportif Frédéric Guesdon auprès du service communication de la Groupama-FDJ. Le rouleur était en effet entouré de ses coéquipiers et toujours placé à l'avant du peloton.
La célèbre trouée a cependant été impitoyable pour Stefan Küng. Mal positionné à l'entrée de ce secteur, le Suisse, pris dans des cassures, n'est pas parvenu à accompagner les fuyards et a dès lors couru à contre-temps, perdant par la même occasion son équipier Clément Russo, victime d'une crevaison.
Contraint de travailler, alors que le groupe de tête n'a jamais temporisé à la sortie de la tranchée, Küng a finalement recollé dans le secteur suivant, celui du Pont Gibus, au prix d'un effort important. Or c'est «là que la grosse échappée de cinq est partie», a constaté Guesdon. Celle-ci impliquait Mathieu van der Poel, Tadej Pogacar, Mads Pedersen, Jasper Philipsen et un Suisse, moins attendu: Stefan Bissegger.
Il était donc écrit que Stefan Küng jouerait les accessits dans un deuxième groupe largement distancé. Sauf que le sort s'est acharné sur le coureur de la formation Groupama-FDJ, qui a d'abord subi une crevaison à Orchies. Un changement de vélo plus tard et le Thurgovien était logiquement rattrapé par un autre groupe de retardataires. Cependant, le pire était encore à venir: une chute sévère à 15 kilomètres de l'arrivée, dans laquelle le Suisse a mangé le pavé avec le nez et le menton, après que sa roue avant a décroché en sortie de virage. Il lui a fallu du temps pour remonter sur sa machine.
Le genou salement amoché et le visage ensanglanté, au point de nécessiter la pose de points de suture après la course, le champion de Suisse du chrono a toutefois mis un point d'honneur à rallier l'arrivée, à l'image de ce contre-la-montre des Championnats d'Europe 2023, où il était entré en collision avec les barrières de sécurité, avant de terminer la course.
Stefan Küng s'est finalement classé 43e de Paris-Roubaix, à plus de huit minutes du vainqueur Mathieu van der Poel, soit son pire résultat sur «l'Enfer du Nord» depuis sa première participation en 2015 (hors abandon). Une édition donc à oublier pour le Suisse, et qui portait au bout du compte parfaitement bien son surnom.