On ne cesse de glorifier l'institution Real Madrid. Il faut dire que ce monument du foot espagnol détient le palmarès le plus massif en Europe ainsi qu'une puissante histoire. Le club madrilène est en prime le plus riche du monde, tout en étant considéré par beaucoup comme le plus grand.
Le Real incarne également la classe et l'élégance. Parce qu'il est rattaché à la monarchie espagnole, a eu dans ses rangs des Alfredo Di Stéfano, David Beckham ou Zinédine Zidane, et est entraîné par un certain Carlo Ancelotti. Mais aussi parce qu'il porte le blanc, synonyme de pureté et se distingue régulièrement par de beaux gestes, envers ses rivaux ou la communauté. Comment ne pas mentionner ce don d'un million d'euros en aide aux victimes des inondations dans la région de Valence?
Les Merengues sont si raffinés qu'en décembre, un article paru sur lematin.ch faisait l'éloge de la formation présidée par Florentino Pérez. «Le Real Madrid est le club le plus classe du monde», pouvait-on lire dans le titre, quand l'auteur de ce «coup de cœur» rappelait en introduction que la Maison Blanche est «une institution au-dessus de la mêlée», et surtout des clubs suisses, en proie à «des chamailleries de bas étage».
Or le Servette FC, le Lausanne-Sport ou encore le FC Sion n'ont rien à envier – du moins sur le plan de l'élégance – à un club qui, depuis plusieurs mois désormais, déstabilise régulièrement les arbitres du championnat espagnol, par un procédé relativement simple: la diffusion en amont du match, et sur la chaîne Real Madrid TV, propriété du club, de vidéos compilant les erreurs en défaveur des Madrilènes, commises par le directeur de jeu nommé pour la rencontre à venir.
Ricardo de Burgos Bengoechea est le dernier à en avoir fait les frais, avant qu'il ne siffle samedi la finale de la Coupe du Roi. Affecté par ces images, il s'est présenté en larmes, la veille du match en conférence de presse, alertant ainsi sur la situation. Une attitude pas au goût du Real, qui a répondu en boycottant l'ensemble de ses activités médiatiques en marge de la finale face au FC Barcelone. En outre, la chaîne Real Madrid TV a assuré qu'elle continuerait à produire de tels clips discréditant les arbitres, alors que les Madrilènes ont complètement dégoupillé samedi contre l'homme en noir, dans ce contexte malsain créé de toutes pièces par le club. Au final, Ricardo de Burgos Bengoechea a été contraint d'expulser Antonio Rüdiger, Jude Bellingham et Lucas Vazquez.
Mais ce comportement n'est pas le seul déplorable du côté du Real cette saison. Rappelons qu'en octobre, Madrid a boycotté à la dernière minute la cérémonie du Ballon d'Or, parce que Vinicius Junior, Jude Bellingham et Dani Carvajal ont été devancés au classement par Rodri, milieu espagnol évoluant en club à Manchester City. Il n'y avait donc aucun représentant de l'institution madrilène au Théâtre du Châtelet, quand bien même Carlo Ancelotti a remporté le Trophée Cruyff et que la formation qu'il dirige a été nommée meilleure équipe masculine.
Loin de la classe qui le caractérise, le Real est aujourd'hui un club conspirationniste, qui ne cesse de s'estimer lésé, par les arbitres, mais aussi par les instances mondiales du football, en raison selon lui de son implication dans le projet de Super Ligue européenne. Un club élégant dans la victoire, beaucoup moins dans la défaite, puisqu'après la perte du Ballon d'Or, il s'apprête à vivre une saison blanche, dominé sur la scène nationale par le Barça et récemment éliminé par Arsenal en C1.
Il faudra se souvenir du comportement des Galactiques quand l'institution Madrid, qui aura décroché sa 16e Ligue des champions, peut-être dès la saison prochaine, sera à nouveau glorifiée et montrée en exemple.