Le 78e Tour de Romandie s'ouvre ce mardi dans les rues de Saint-Imier par un exercice particulier, un prologue court (3,4 km) et nerveux (10 virages) qui sublimera les anciens pistards du peloton comme Stefan Bissegger. «Ce ne serait pas un mauvais choix de mettre une petite pièce sur lui», songe d'ailleurs Raphaël Faiss, enseignant de physiologie de l’exercice à l'Université de Lausanne et ex-entraîneur de plusieurs coureurs suisses.
Stefan Bissegger est tellement convaincu que ses qualités lui permettront de briller ce mardi et dimanche (contre-la-montre de 17,1 km) qu'il a modifié son calendrier pour participer au Tour de Romandie cette saison. «La capacité de produire un effort extrêmement intense sur quelques kilomètres est l’apanage de certains coureurs, souvent ceux qui ont brillé sur la piste», souligne Raphaël Faiss, faisant écho au passé de poursuiteur de Bisseger, champion du monde juniors (2016) et médaillé de bronze par équipe aux Européens (2018).
L'avantage du pistard est multiple sur ce genre de tracé. D'abord, il sait exactement quelle préparation effectuer pour se présenter à bonne température au départ et être capable de relancer sans cesse après chaque virage.
Selon notre expert, il y a fort à parier que Bissegger ait soigneusement repéré le parcours, «l'emplacement des plaques d'égout, des bordures de trottoir et des barrières, pour anticiper les trajectoires et sa vitesse dans les différentes portions de course, car la victoire se jouera entre plusieurs athlètes dans la même seconde.»
L'an dernier lors du prologue de 2,2 km dans les rues de Payerne, les coureurs avaient dû patienter dix minutes entre l'échauffement sur le rouleau et le départ. «Assez pour se refroidir», avait commenté Antoine Debons (Corratec) dans Le Nouvelliste.
Cette petite période d'attente, les anciens pistards savent très bien comment la gérer, puisqu'ils y ont été confrontés dans leur ancienne vie, lorsqu'ils devaient se présenter au départ plusieurs minutes avant leurs épreuves.
On pourrait imaginer que les spécialistes de contre-la-montre (comme Remco Evenepoel) soient aussi performants sur des distances courtes, mais ce n'est pas aussi simple que cela, prévient Raphaël Faiss:
Une fois à bonne température, Stefan Bissegger se présentera sur la rampe de départ pour quatre minutes de grand spectacle qui pourraient lui permettre de décrocher le premier maillot jaune de l'édition 2025.
«Il sait prendre des risques et il est en super forme, comme on a pu le constater avec sa récente 7e place sur Paris-Roubaix», conclut Raphaël Faiss, qui pourrait gagner un peu d'argent s'il décidait de miser sur Bissegger à la Loterie romande (la cote du Thurgovien était à 5.50 contre 1 lundi), mais encore plus s'il prenait le risque de parier sur Price-Pejtersen, «un choix malin à 50 contre 1».
Pour la Loro, le favori lundi restait Maikel Zijlaard (coté à 3.75 contre 1), vainqueur du prologue de Payerne la saison dernière et ancien pistard, évidemment.