La tactique de l'équipe suisse Tudor fait jaser
Quelle semaine pour l'équipe de Fabian Cancellara. Samedi, Michael Storer a remporté le Mémorial Marco Pantani, trois jours après sa deuxième place sur le Tour de Toscane. Mais la victoire la plus marquante reste celle de son coureur vedette: Julian Alaphilippe.
Le Français s’est imposé vendredi soir sur le prestigieux Grand Prix de Québec, l’une des deux classiques canadiennes du calendrier World Tour. Un succès qui marque à la fois son premier triomphe sous les couleurs de Tudor et sans doute le plus grand accomplissement de l’équipe depuis sa création en 2022.
Julian Alaphilippe a construit sa victoire en se glissant dans un contre à 70 kilomètres de l’arrivée, anticipant ainsi les attaques des favoris, notamment Tadej Pogacar. Mais le leader de l'équipe Tudor s'est longtemps contenté de rester à l'arrière du groupe dans lequel il se trouvait: il n'a donc pas relayé ses compagnons de fugue.
Une tactique assumée et dictée par sa direction de course, Alaphilippe étant le seul représentant de sa formation de deuxième division à l'avant, quand les mastodontes du World Tour – Alpecin-Deceuninck, UAE Team Emirates, Astana et Red Bull-Bora-Hansgrohe – pouvaient compter sur au moins deux coureurs.
Coureur respecté, au palmarès qui en ferait frémir plus d’un, Alaphilippe n’a pas vraiment eu à parlementer avec ses adversaires pour justifier sa non-participation aux efforts du groupe. Il a ainsi pu économiser ses forces pour le final difficile du GP de Québec, où il a lancé son attaque à 1,5 km de l’arrivée, après avoir accompagné une offensive d'Alberto Bettiol. Roublard, il a su tirer le meilleur parti de ses forces, son panache, à 33 ans, n'étant plus aussi flamboyant qu'autrefois.
Le comportement de Julian Alaphilippe a toutefois quelque peu agacé Quinten Hermans (Alpecin–Deceuninck), présent dans le même groupe. «Il n’a pas beaucoup travaillé et s’est bien caché. Il a tout à fait le droit de faire ça. C’est un coureur fort, mais il a profité des avantages liés à sa stratégie», a-t-il déclaré auprès de WielerFlits.
Des éléments repris par les plus fervents détracteurs du coureur tricolore, actifs sur les réseaux sociaux. «Sucer les roues et en être fier, c'est non», a par exemple commenté un internaute, tandis que d’autres, au contraire, ont salué la tactique de l’équipe Tudor.
Julian Alaphilippe et sa formation passeront volontiers au-dessus de tout ça. Après tout, même lorsque l’ancien champion du monde se montre offensif, travaille dur ou multiplie les attaques, il essuie des critiques dès qu’il craque et ne peut suivre le rythme des meilleurs. Alors quitte à être épinglé, autant adopter la stratégie la plus efficace pour gagner et faire briller sa nouvelle équipe.
(roc)
