Le cyclisme féminin poursuit son développement. Nouveautés cette année: la mise en place de l’échelon Pro Team, un second niveau professionnel derrière le World Tour, et la réintroduction de Milan-San Remo femmes, 20 ans après la disparition de la course.
Mais ce n’est pas pour cela que la saison 2025 s’annonce prometteuse. Les mouvements cet hiver ont été nombreux dans le peloton, et cela a eu pour conséquence de mieux dispatcher les forces en présence, et de renforcer certaines équipes jusqu'ici un ton en dessous. Traduction: l’équipe SD Worx-Protime, qui a tant dominé ces dernières années, semble avoir perdu un peu de sa superbe, ce que signifie une course plus ouverte, et plus que de simples miettes laissées aux autres.
La formation néerlandaise s'est séparée de l’immense Demi Vollering (FDJ-Suez), qui ne pouvait semble-t-il plus cohabiter avec l’autre star de l’équipe: Lotte Kopecky, qu’elle avait battue lors d’un sprint glacial aux Strade Bianche, et avec qui la communication était visiblement rompue. «Notre relation cette année était très différente de l’année passée. Il me semblait qu’elle essayait de m’éviter», a ainsi déclaré Vollering auprès du journal néerlandais NRC Handelsblad, en fin de saison dernière.
SD Worx-Protime a enregistré à l’intersaison d’autres départs importants, avec celui de la Suissesse Marlen Reusser (Movistar), qui dictait sa loi en contre-la-montre et était considérée comme la numéro trois de l’équipe. Mais aussi ceux de la Luxembourgeoise Christine Majerus, retraitée, et Niamh Fisher-Black, venue renforcer la Lidl-Trek, formation qui donne depuis des années un peu de fil à retordre à la SD Worx, et qui devrait continuer à le faire en 2025. Car malgré la perte de l'une de ses leaders, Elisa Longo Borghini, et de Brodie Chapman, toutes deux engagées par UAE Team ADQ, l’équipe américaine a aussi su attirer Emma Norsgaard, Anna Henderson et Riejanne Markus.
Les deux dernières citées, jusqu’ici membres de la Visma-Lease a Bike, ont affaibli la formation d’une Marianne Vos, certes légendaire, mais quelque peu vieillissante. Or c’est avec cette équipe que Pauline Ferrand-Prévot, championne du monde en 2014, a choisi de revenir sur route. Après un certain temps d’adaptation suite à sa carrière en VTT, elle pourrait hisser la Visma-Lease a Bike vers de nouveaux sommets.
Ce retour fait écho à celui d’Anna van der Breggen, après une pause de trois ans. La double championne du monde et quadruple vainqueure du Giro tentera de combler la perte de Demi Vollering, dans une équipe SD Worx-Protime toujours compétitive, avec outre Kopecky, la présence de la redoutable sprinteuse Lorena Wiebes.
Cependant, la SD Worx pourrait subir cette année la loi de l’équipe française FDJ-Suez, nouvellement sponsorisée par Nike. La formation de Stephen Delcourt est celle qui a réalisé le casse du siècle, en recrutant donc Demi Vollering, vainqueure du Tour de France 2023, mais aussi Juliette Labous, 4e de la Grande Boucle 2022 et Elise Chabbey, 4e de Liège-Bastogne-Liège la saison dernière.
Mieux, le départ de la Genevoise de la troisième meilleure équipe de l’année 2024 n’a en rien émoussé les Allemands de la Canyon Sram Racing, puisqu’ils ont non seulement prolongé Katarzyna Niewiadoma, lauréate du dernier Tour de France, mais aussi signé Chiara Consonni et Cecilie Uttrup Ludwig, ancienne leader chez FDJ-Suez.
Toutes ces équipes étaient déjà bien implantées ces dernières saisons, mais c’est bel et bien la SD Worx-Protime qui dominait le World Tour, et de très loin. La donne pourrait être différente en 2025, grâce aux différents mouvements de l'hiver. D'ailleurs, même si l'exercice ne fait que débuter, c'est la formation UAE d'Elisa Longo Borghini qui pointe à la première place du classement au 18 février, avec déjà plus de 2'000 points amassés, quand l'équipe néérlandaise n'est que 14e du «ranking».
Le cyclisme féminin avait besoin d'un meilleur équilibre et d'un peu de changement. La course n’en sera que plus belle.