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Tour de France femmes: Tashkent City n'est pas la bienvenue

Tour de France femmes: Tashkent City n'est pas la bienvenue
La formation Tashkent City au grand complet avant le départ de la troisième édition du Tour de France femmes avec Zwift.Image: getty

Sur le Tour de France femmes, une équipe n'est pas la bienvenue

Présente sur les routes du Tour, la formation ouzbèke Tashkent City dérange et réveille un problème récurrent dans le cyclisme féminin.
16.08.2024, 06:04
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Ce sont des images dont le cyclisme féminin se serait volontiers passé: les abandons à la pelle des concurrentes de l'équipe ouzbèke Tashkent City. Elles étaient quatre à renoncer lundi, lors de la première étape du Tour de France femmes. Certaines d'entre elles ont été distancées dès les premiers kilomètres. Le tracé au Pays-Bas était pourtant entièrement plat et la course loin d'être infernale.

Deux nouveaux abandons ont été constatés mercredi. Nafosat Kozieva n'était pas au départ de l'étape des «Ardennaises» et Margarita Misyurina n'a jamais franchi la ligne d'arrivée à Liège. A l'heure où le peloton est attendu à Morteau (France voisine) ce vendredi, seule Yanina Kuskova est encore classée au général, preuve de cet écart abyssal entre l'équipe ouzbèke et les autres.

Sa présence sur la course la plus convoitée de la saison est inévitablement contestée. Tashkent City mérite pourtant sa place, du moins sur le papier, car obligatoirement invitée en tant que deuxième meilleure formation continentale en 2023. Or la façon dont l'équipe a acquis ses points interroge.

Tashkent City n'a participé la saison dernière qu'à deux courses en Europe et s'est focalisée sur les épreuves asiatiques de seconde zone. Elle a été accusée d'avoir organisé un semblant de championnat national, une épreuve lui permettant de classer ses coureuses – toutes ouzbèkes – aux premières places. Les résultats des courses UCI 1.2 organisées au pays sont également étonnants, tant les filles trustent les premières places. L'équipe s'est enfin appuyée sur Olga Zabelinskaya – sa meilleure coureuse, médaillée à Londres et Rio – pour amasser de précieux points aux Championnats d'Asie, aux Jeux asiatiques d'été et au Tour de l'île de Chongming.

Naturalisée ouzbèke, cette Russe a été suspendue deux ans suite à un contrôle positif à l'octopamine en 2014.

C'est ainsi que Tashkent City est présente cette année sur le Tour de France femmes et que Lifeplus–Wahoo n'a par exemple pas été conviée. Un coup de massue pour la formation britannique qui, suite à cette décision notamment, cessera ses activités en fin de saison.

Ce n'est pas la première fois que la formation ouzbèke est en difficulté depuis le début de l'année. Six femmes ont abandonné sur le Giro et cinq concurrentes ont été hors délais au Tour de Suisse. La Grande Boucle étant la course la plus importante du calendrier féminin, ce n'est que maintenant que les amateurs de vélo et le grand public découvrent réellement cette situation ubuesque.

L'équipe Tashkent City explique qu'elle n'a pas cherché à participer à tout prix au Tour de France. Sa quête incommensurable de points n'avait qu'un objectif: qualifier un maximum d'athlètes pour les Jeux olympiques. Soutenue par le gouvernement d'Ouzbékistan, elle a réussi son pari. Deux Ouzbèkes ont en effet pris part à la course en ligne féminine des JO. Elles composaient une délégation particulièrement en réussite à Paris. L'Ouzbékistan a terminé 13e au tableau des médailles, grâce notamment à huit titres olympiques acquis dans les sports de combat. La venue sur les épreuves World Tour n'est en fait que la conséquence de cette volonté de participer aux Jeux olympiques. Tashkent City admet avoir profité du règlement actuel et sait qu'elle n'a pas les moyens de lutter au plus haut niveau.

«Pour être honnête, nous avons hésité à venir. Il s'agit d'un vol de six à sept heures. De plus, nous disposons de moyens financiers quasi inexistants. La Fédération ouzbèke finance nos billets d'avion. Nous manquons de vélos, de roues, et nous n'avons tout simplement pas de staff professionnel. Nos ressources humaines et matérielles sont extrêmement limitées. Nous ne comptons que trois coureuses Élites. Les autres sont des U23, qui viennent de sortir des Juniors. Cette situation est éprouvante pour les jeunes athlètes. Elles pleurent chaque jour. Elles sont conscientes des critiques»
Gleb Groysman, directeur sportif de l'équipe, auprès de DirectVélo

La présence de l'équipe Tashkent City sur les plus grandes courses du monde a réveillé un problème récurrent dans le cyclisme féminin: le manque d'homogénéité du peloton. Cela avait été particulièrement frappant lors de la toute première édition du Tour de France femmes. Invité, le Stade Rochelais Charente-Maritime n'avait jamais pesé sur la course. Il n'a depuis jamais été appelé.

A l'heure où le cyclisme féminin se structure, et pouvait sembler de moins en moins hétérogène, il y a eu 10 abandons et non partantes mercredi lors de l'étape difficile reliant Valkenburg à Liège. Le profil favorisait une course de mouvement. Elle a certes eu lieu, mais uniquement en fin d'étape, sans qu'aucune véritable échappée ne se dessine plus tôt dans la course. L'Espagnole Sara Martin était la seule à ouvrir la route et l'Italienne Laura Tomasi n'a jamais réussi à semer le peloton.

Bonne nouvelle pour le cyclisme féminin: les forces en présence seront certainement plus nombreuses et mieux réparties la saison prochaine. La vainqueur sortante du Tour de France, Demi Vollering, quittera la formation SD Worx, si dominatrice dans le peloton. Elle pourrait rejoindre la FDJ-Suez. Anna van der Breggen, elle, fera son grand retour en tant que coureuse professionnelle, dans cette même SD Worx. De son côté, la vététiste Pauline Ferrand-Prévot s'est engagée avec la Visma-Lease a Bike. Elle transformera une équipe traditionnellement dévouée à Marianne Vos. Cela promet des joutes passionnantes.

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source: getty images europe / lintao zhang
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