Cette année, tout devait aller mieux. Après un bilan catastrophique en 2024 (onze défaites pour une seule victoire lors de leur première saison), les Helvetic Mercenaries affichaient un certain optimisme au printemps. L’unique équipe suisse engagée dans la prestigieuse European League of Football (ELF) voulait faire plus que participer: elle comptait bousculer la hiérarchie et visait les play-offs dès 2025.
Mais à l’approche du dernier match de l'exercice 2025, le constat est amer: au mieux, le bilan sera aussi mauvais que l’an dernier. Et il y a fort à parier qu’il sera pire. En onze rencontres, les Mercenaries affichent déjà onze défaites, dont une par forfait pour non-présentation.
Ces dernières semaines, l’équipe a montré de véritables signes de décomposition. Avant même la claque reçue samedi à Paris (77-0), elle n'avait plus aucune chance de se qualifier pour les séries éliminatoires. Depuis juillet, les lourdes défaites s’enchaînent: 62-0, 61-6, 60-20.
Ces performances sportives désastreuses sont le reflet du chaos permanent qui règne en interne. Trois semaines avant le premier match de la saison, le club annonçait que son general manager Chris Rummel allait se concentrer uniquement sur les aspects sportifs et céder ses responsabilités commerciales. Quatre jours plus tard, nouveau coup de théâtre: Rummel était limogé avec effet immédiat. Le club évoquait alors une «perte massive de confiance».
Sur le terrain, c’est également la valse: l’entraîneur a été remercié, plusieurs joueurs ont été remplacés, et le directeur sportif a démissionné il y a quelques semaines. Entre-temps, on a appris que plusieurs joueurs étrangers, dont l’ancien joueur de NFL Keelan Cole, avaient dû quitter le club à cause de problèmes de visa.
Le projet de ce club semi-professionnel de foot US reposait depuis le début sur une base fragile. La discipline reste marginale en Suisse. Les talents locaux se font rares. Et puisqu'il s’agit d’un sport de contact très exigeant, les blessures sont fréquentes. Il faut donc un effectif large, incluant un staff conséquent, ce qui implique des coûts élevés. Or les revenus des matchs à domicile ne suffisent pas sans l’appui d’un investisseur solide.
C’est précisément ce qui a poussé les prédécesseurs des Mercenaries, les Helvetic Guards, à jeter l’éponge après une seule saison. Là aussi, de nombreux dysfonctionnements avaient été relevés. Le club avait annoncé sa dissolution peu avant le début de la saison 2024, alors même que plusieurs prolongations de contrat avaient été officialisées. Pas étonnant donc que certains joueurs aient décidé de tourner la page et de retourner dans les équipes du championnat de Suisse. Ils y évoluent en amateurs, certes, mais loin des drames.
Les Helvetic Mercenaries, eux, ont répondu aux résultats catastrophiques de cette saison par des discours de résistance. Avant le dernier match à domicile à Wil, Joshua Fitzgerald, nouvel entraîneur et general manager, s’est adressé aux supporters: «Il s’est passé beaucoup de choses avec cette équipe ces dernières semaines. Certains appellent cela du drame. Moi, j'y vois une épreuve formatrice et la construction d’une base solide. Nous sommes dans un trou, et quand on essaie de s’en sortir, on se salit».
Le propriétaire du club, Sandro Moor, a lui aussi assuré au site Endzone qu’il n’était pas question d’abandonner: «Nous avons un contrat de cinq ans avec la ELF. Il y aura une équipe suisse dans la ligue l’année prochaine, c’est une certitude».
Mais au vu des grandes promesses formulées avant cette saison, le doute est permis. Dimanche prochain, les Mercenaries disputeront leur dernier match de l'exercice à Prague. Ils ne devraient pas être mécontents que ce cauchemar se termine enfin.
(ram/sda/roc)