Ce sport suisse mythique est à l'agonie
Le bobsleigh a offert à la Suisse un bon nombre de médailles dans l’histoire olympique. Par contre, sa fédération, Swiss Sliding (qui chapeaute aussi la luge et le skeleton), a provoqué plusieurs fois des remous, comme c’est à nouveau le cas actuellement.
Cette fois, il ne s’agit toutefois ni de querelles internes ni de luttes de pouvoir liées au personnel. Un bailleur de fonds est à l’origine de graves turbulences financières au sein d’un sport pourtant performant.
Un grand sponsor se fait la malle
Parce qu’un sponsor italien refuse de verser le montant à six chiffres fixé contractuellement, les signaux d’alarme se sont déclenchés chez Swiss Sliding durant l’été. Un quart du budget annuel consacré au sport de performance a été perdu d’un seul coup. Outre les possibilités fortement réduites en vue des préparatifs pour les Jeux olympiques d’hiver de Cortina, la fédération est également confrontée à d’importants problèmes de liquidités et au risque imminent de surendettement.
Le président Sepp Kubli confirme que l’on tente d’améliorer, à marche forcée et sur divers fronts, la situation financière tendue. D’une part, Swiss Sliding agit sur le plan juridique contre le sponsor pour rupture de contrat. D’autre part, une recherche fébrile de sponsors de remplacement est en cours. Kubli qualifie cette quête de partenaires d'«urgente». Et depuis quelques jours, une vaste campagne de financement participatif est en cours dans l’univers sportif. Les petites contributions finissent, comme on le sait, par peser lourd.
Un prêt à des conditions très strictes
Kubli a également adressé un appel financier à Swiss Olympic. La demande visant l’octroi d’un prêt de 500 000 francs afin de combler le trou dans les comptes d’exploitation a toutefois été rejetée à deux reprises à la fin de l’été par le comité exécutif de Swiss Olympic.
Au sein de l’organe présidé par l’ancienne conseillère fédérale Ruth Metzler, ce sont d’abord les voix estimant qu’il n’était pas opportun de jouer les banquiers pour une fédération sportive en difficulté qui l’ont emporté. Le risque de créer un précédent ainsi que celui d’une future perte financière ont motivé le refus.
Ce n’est qu’au moment du troisième dossier, fin septembre – lorsque la somme du crédit a été réduite de moitié, les modalités de remboursement durcies et les obligations de Swiss Sliding précisées – que la direction de Swiss Olympic a donné son accord. Le président du bob, Sepp Kubli, parle de «conditions strictes». Qu’est-ce qui a finalement motivé ce revirement de Swiss Olympic?
Une question de survie
Contactée par CH Media, le groupe auquel appartient watson, l'instance olympique suisse répond:
Avec Mujinga Kambundji et Salomé Kora, on retrouve notamment, dans la candidature féminine en bobsleigh, des noms connus issus de l’athlétisme parmi les prétendantes à une place de départ à Cortina.
Des prêts accordés par Swiss Olympic à des fédérations membres ont déjà été consentis par le passé dans certains cas particuliers. Il s’agissait toutefois le plus souvent d’un soutien pour la construction ou l’acquisition de biens immobiliers. Ainsi, Swiss Sliding avait déjà obtenu un prêt à six chiffres il y a une dizaine d’années pour la piste de poussée alors prévue. Celui-ci, comme tous les autres crédits, a été intégralement remboursé.
Cette fois, il ne s’agit pas d’un projet, mais de survie. La situation est grave et la pression de Swiss Olympic – qui fait donc au bob suisse un prêt salvateur – élevée:
Swiss Olympic ne souhaite néanmoins pas s’exprimer sur les modalités exactes de remboursement.
Adaptation en français: Yoann Graber
