«Inspiré de l'ironman»: une série cycliste inédite arrive
L'Everesting est un défi bien connu des passionnés de cyclisme: il consiste à gravir, sur une même pente escaladée à plusieurs reprises, un dénivelé total de 8 848 mètres, soit l'équivalent d'un Everest. Le challenge connaît un tel succès qu'il a donné lieu cette année à son tout premier Championnat du monde, auquel plusieurs coureurs suisses ont pris part. La première pierre d'un projet global, dans lequel la Suisse dispose de tous les atouts pour jouer un rôle important.
Andy, quel regard portez-vous sur le tout premier Championnat du monde d’Everesting, que vous avez récemment organisé sur les pentes de l’Etna en Italie?
L'événement a répondu à nos attentes: il a été brut, exigeant et authentique. Il a réuni des cyclistes venus du monde entier, unis par un état d’esprit plutôt que par une licence sportive.
Plusieurs concurrents avec lesquels nous avons échangé ont semblé ravis de cette première édition.
L’ambiance ressemblait davantage à un rassemblement d’ultra-endurance qu’à une course sur route classique: chacun a puisé dans ses retranchements, les coureurs se sont soutenus mutuellement et sont repartis avec des histoires qu’ils pourront raconter durant de longues années. Cela a vraiment confirmé l’idée qu’un défi individuel pouvait se transformer en un véritable événement international. Cette énergie et cet esprit de communauté étaient exactement ce que nous voulions créer.
Cependant, il y a eu un bémol: les délais étaient si courts que peu de coureurs ont été classés. Etait-ce volontaire de votre part?
Oui, cette limite de temps visait à renforcer la dimension «Championnat du monde» plutôt qu’à transformer l’épreuve en un défi de survie de 24 heures. L’Everesting restera toujours un accomplissement personnel, mais ce format devait créer une vraie pression, où préparation, gestion de l’effort et stratégie sont déterminants. Nous voulions que le peloton de tête illustre l’excellence en matière d’endurance, tout en laissant la porte ouverte à des amateurs ambitieux capables de terminer dans les temps. Cela a donné lieu à une journée intense et passionnante.
A propos des prochaines éditions: le Championnat du monde l’an prochain a déjà été confirmé. Or vos ambitions vont bien au-delà. Parlez-nous de votre vision pour la discipline.
Nous voulons construire une série mondiale inspirée du modèle ironman: des épreuves qualificatives régionales menant à une finale annuelle en Italie. Nous travaillons actuellement sur la structure et sur des partenariats locaux avec des acteurs qui comprennent à la fois la culture cycliste et la narration propre à l’endurance. L’objectif est de lancer plusieurs événements européens en 2026, qui mèneront au deuxième Championnat du monde en Sicile la même année (réd: une manche à Villach en Autriche vient d'être officialisée). Par la suite, nous voulons nous développer dans d’autres régions du monde, en privilégiant un petit nombre d’événements bien pensés et fidèles à l’esprit de la discipline, plutôt qu’une croissance trop rapide.
Un projet visiblement passionnant. Mais existe-t-il une réelle demande pour ce type d’événement?
L’Everesting se situe à la croisée du sport d’endurance, de l’aventure et de la communauté. Il attire des cyclistes à la recherche d’un défi personnel, tout en leur offrant le sentiment de faire partie de quelque chose de plus grand. Notre objectif à long terme ne se limite pas à faire croître les chiffres: nous voulons bâtir une culture mondiale autour de la résilience. Le Championnat du monde restera volontairement limité et prestigieux, mais l’écosystème global de l’Everesting – avec ses formats «Quarter» et «Half» (réd: un quart et la moitié de l'altitude de l'Everest à gravir) ou ses versions virtuelles – peut certainement accueillir des dizaines de milliers de participants chaque année.
La Suisse semble toute indiquée pour accueillir une manche de qualification à l'avenir.
Il ne fait aucun doute que la Suisse offrirait un cadre parfait pour un événement aussi épique qu’un Everesting. Après tout, elle réunit tout ce qui rend la discipline spéciale: des ascensions spectaculaires, une culture cycliste profondément enracinée et un vrai goût pour le défi.
très bien placée sur
notre liste pour accueillir
une manche à part entière»
Y a-t-il des ascensions en Suisse qui vous font de l’œil?
Des ascensions comme le Grimselpass, le Klausenpass ou le Sanetsch seraient exceptionnelles. Et bien sûr, un grand classique pour les Everesters, et les grimpeurs en général, reste le mythique Saint-Gothard. Tous offrent du dénivelé, des paysages spectaculaires et ce sentiment d’isolement propre aux plus beaux défis d'Everesting.
Selon vous, qu’est-ce qui fait qu’une montée est idéale pour une manche d’Everesting?
Une montée parfaite doit trouver un juste équilibre. Elle doit être assez raide pour être efficace, sûre et prévisible à la descente, avec un accès facile pour l’assistance et le public. La régularité du pourcentage compte plus que la longueur.
Dernière question, Andy. Vous organisez un événement mondial en dehors du cadre officiel de l’Union cycliste internationale (UCI). Ne craignez‑vous pas qu’elle cherche à s’approprier la discipline?
Nous avons des contacts avec l’UCI, mais nous n’avons jamais abordé ce dont vous suggérez. Cela dit, nous bénéficions d’une solide protection de notre propriété intellectuelle à l’échelle mondiale, notamment dans les pays susceptibles de les intéresser s’ils venaient un jour à se lancer dans ce type de projet. Il n’y a donc aucune inquiétude réelle à ce sujet.
