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Nati: La Suisse n'aime toujours pas Vladimir Petkovic et ça se voit

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La Suisse n'aime toujours pas Vladimir Petkovic et ça se voit

Le coach qui a emmené la Nati en quart de finale d'un grand tournoi pour la première fois depuis 67 ans ne figurait même pas parmi les finalistes au titre d'entraîneur de l'année, lors des Sports Awards. Un «oubli» choquant qui n'est rien de moins que le dernier clou au cercueil de «Petko» planté par une partie de l'opinion publique.
13.12.2021, 15:4313.12.2021, 17:25
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Il arrive souvent qu'on se rende compte de l'amour que l'on portait à une personne quand celle-ci s'en va. Mais Vladimir Petkovic n'a même pas cette chance. Son départ à Bordeaux cet été n'a absolument pas modifié la perception qu'une partie de notre pays a de lui. Le coach de 58 ans est certes le meilleur sélectionneur suisse de l'histoire, il a remporté des victoires qui se sont refusées à tous ses prédécesseurs et donné une identité collective et une assurance à toute une génération de footballeurs, mais il reste très impopulaire dans son pays.

Il a encore payé le prix de cette défiance dimanche lors des Sports Awards, une cérémonie récompensant les meilleures personnalités sportives de l'année écoulée. Vladimir Petkovic faisait partie des 10 techniciens pré-sélectionnés pour le titre de meilleur entraîneur 2021. Il aurait été logique de le voir figurer parmi les trois finalistes. Mais le double national (suisse et croate) n'a même pas eu cette chance. Les votants (un large panel d'experts composé de sportifs, d'entraîneurs ou encore de journalistes) l'ont exclu du dernier trio en lice.

Edmund Telser vainqueur

C'est Edmund Telser qui a remporté le trophée d'entraîneur de l'année. Il est le coach des vététistes suisses qui ont réalisé le triplé aux Jeux de Tokyo, ainsi que de la médaillée d'argent du contre-la-montre Marlen Reusser. Il a devancé au nombre de suffrages Laurent Meuwly (athlétisme) et Beat Tschuor (ski alpin).

Vladimir Petkovic a terminé 4e de sa catégorie, suscitant une incrédulité teintée de malaise parmi certains observateurs. «A-t-on déjà oublié ce que lui et son équipe ont déclenché en Suisse cet été?», a demandé la NZZ, traduisant ce rejet comme «un dernier chapitre décevant dans l'histoire de Petkovic en tant qu'entraîneur national», et plus précisément «dans sa lutte pour la reconnaissance et le respect».

Cette lutte, Vladimir Petkovic l'a perdue. Mais pourquoi tant de haine? Nous en avions discuté avec l'ancien sélectionneur suisse Daniel Jeandupeux l'année dernière. On ne comprenait pas bien ce qui, chez ce grand et beau «Petko», suscitait un tel rejet. Il avait eu cette réponse terrible:

«Petkovic a un handicap énorme pour être aimé, c’est qu’il est étranger. Certains estiment qu’il n’est pas issu d’une «race noble», et je le dis avec des guillemets. Il y a une forme de racisme à son égard»
Daniel Jeandupeux

Vladimir Petkovic vit pourtant en Suisse depuis 1987. Il a un passeport et une cravate rouges. Mais certains lui taillent encore des costards.

Ses contempteurs l'ont toujours trouvé sombre et taiseux, lui reprochant son manque d'ouverture et même ses intonations slaves. «Les fans imitaient son accent en se moquant», rappelle le journaliste alémanique Micha Zbinden.

Il reste l'impression, au final, que Vladimir Petkovic a terminé son mandat à la tête de l'équipe nationale comme il l'avait commencé. Et, surtout, qu'il a souffert autant de son prédécesseur qu'il ne souffre aujourd'hui de son successeur.

La 4e place de Petkovic aux Sports Awards est-elle justifiée?

Car lorsqu'il a été engagé en 2014, il relayait Ottmar Hitzfeld, personnage affable et communiquant hors-pair, adoubé par la presse alémanique pour son parcours en Bundesliga. Et quand il a quitté la Suisse pour Bordeaux, il a été remplacé par Murat Yakin, un ancien footballeur pro devenu un technicien charismatique, accessible et souriant. Le genre de coach tellement sympa qu'il envoie des chocolats aux Nord-Irlandais pour les remercier de leur performance face aux Italiens.

Un épisode que Vladimir Petkovic n'aurait jamais songé à tourner. «Il aurait été impensable qu'il participe à un tel événement, estime la NZZ. Etait-il pour autant un moins bon entraîneur? Non, c'est simplement un autre homme.»

Un homme qui n'a jamais été reconnu à sa juste valeur. Un incompris, obligé d'écrire une lettre à son pays pour délivrer son message après une défaite humiliante contre l'Italie (0-3) à l'Euro.

Quelques jours plus tard, il propulsait la Nati en quart de finale, sans pour autant gagner en popularité. Comme si sa crédibilité se jouait ailleurs que sur un terrain, ce qui, pour un homme de sport, est profondément injuste.

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