«Genève-Bienne, c'est un peu loin de nous...» D'une phrase, Martin Zbinden résume le sentiment général qu'inspire aux médias alémaniques une finale de hockey sur glace entre un club romand (Genève) et un autre bilingue (Bienne).
Le chef des sports au sein de la rédaction germanophone de Radio Fribourg n'organisera donc pas d'émission spéciale lors de la série, qui a débuté vendredi et se terminera entre le 20 et le 27 avril, se contentant des dépêches fournies par les agences. «Nous allons toutefois suivre le duel, car nous avons un intérêt pour le hockey et la National League, précise le journaliste. Mais plutôt que de se concentrer sur les faits de jeu, nous allons privilégier une approche régionale et relater des histoires "locales". Celles de Jan Cadieux, qui est Fribourgeois, de Marc-Antoine Pouliot, qui a joué chez nous, ou encore de l'ancien Dragon Yannick Rathgeb.»
Se détacher (un peu) de la glace, prendre de la hauteur ou du recul, raconter autre chose que les tirs à la ligne bleue des uns ou le fore-checking des autres, ce sera aussi le crédo du Tages-Anzeiger. «Pour les Alémaniques, il est dur de s'intéresser à une finale sans Berne, Zurich ou Davos. Je pense que seuls les passionnés suivront la série, commence Simon Graf, plume des ZSC Lions pour le quotidien zurichois. Nous écrirons toutefois sur tous les matchs et ferons des articles, peut-être pas tous les jours, mais régulièrement.»
Si Zurich avec été en finale, le journal aurait dépêché quelqu'un aux Vernets. Mais compte tenu de l'affiche, le «Tagi» n'assistera qu'aux parties dans le Seeland. Entre chaque manche, il cherchera à faire la différence grâce aux histoires que la série ne manquera pas de faire naître. «Nous avons par exemple brossé récemment le portrait de Jan Cadieux», rappelle Simon Graf.
Le Blick aussi aurait préféré une autre affiche. «Berne-Davos aurait généré plus d'intérêt chez nous, compte tenu du nombre de fans que drainent les deux clubs à travers le pays», reconnaît Stephan Roth, envoyé spécial permanent dans les patinoires. «Cela dit, nous considérons que Bienne est une équipe germanophone comme les autres.»
Le media zurichois aime trop le hockey sur glace, et lui accorde trop d'importance toute la saison, pour négliger «une finale qui réunit tous les ingrédients d'une grande série, avec deux excellentes équipes et beaucoup d'émotions en perspective», résume Stephan Roth. Le journaliste assure que Blick produira le même contenu que s'il s'agissait d'un duel 100% alémanique, «parce que nous traduirons nos collègues romands et parce que beaucoup de joueurs connus et appréciés en Suisse alémanique seront sur la glace: Tanner Richard, Henrik Tömmernes, Linus Omark, Teemu Hartikainen et bien sûr Damien Brunner.»
Les lecteurs seront-ils aux rendez-vous? Stephan Roth est incapable de le dire. Ralf Meile non plus. Chef des sports chez watson à Zurich, notre collègue est obligé de reconnaître que l'intérêt est limité chez les germanophones:
La rédaction alémanique de watson couvrira toutefois la série comme elle l'a fait lors de toutes les saisons précédentes, avec les connaissances du «maître de glace» Klaus Zaugg et le renfort des francophones. De quoi, peut-être, faire naître quelques discussions dans les tramways zurichois ou les cafés en vieille ville de Berne.