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Cet athlète suisse se bat pour un come-back miraculeux
Il faisait partie des meilleurs pousseurs du monde. Son palmarès en témoigne: une médaille de bronze aux Championnats du monde et une quatrième place aux Jeux d’hiver. Mais en février 2024, quelques centièmes de seconde ont suffi pour bouleverser sa vie. Lors d’un entraînement de l’équipe de Suisse de bob à quatre, sur la redoutable piste d’Altenberg, en Allemagne, Sandro Michel a été victime d’un terrible accident. Ejecté de l’engin en perte de contrôle, il est resté inconscient sur la glace, puis a été écrasé par le bob de 210 kilos.
Le jeune homme de 29 ans a dû être opéré en urgence à l’hôpital de Dresde. Son dossier médical ressemble à un véritable cauchemar: plusieurs côtes cassées, une omoplate fracturée, des muscles arrachés au niveau du thorax, une perte de sang massive et un poumon rempli de sang. A cela s’ajoute une blessure à la hanche. Sa jambe ne tenait plus que par de la peau et quelques fibres musculaires.
«Je n’ai aucun souvenir de l’accident», confie Sandro Michel. En revanche, son corps porte de nombreuses séquelles. «Je n’arrive plus à lever la jambe aussi haut», dit-il. Aujourd’hui, c’est la mobilité réduite de son articulation de la hanche qui le limite. Le matin, il lui arrive parfois de peiner à enfiler ses chaussettes ou à nouer ses lacets. Autrefois simples, ces gestes sont aujourd’hui devenus une épreuve au quotidien.
Il envisage une nouvelle opération
Récemment, le pousseur de l'équipe de Suisse a consulté un spécialiste pour évaluer les options d’amélioration. «Si une opération peut vraiment m’aider, je veux tenter le coup», dit-il. Une décision motivée non seulement par ses ambitions sportives, mais aussi par son quotidien:
Michel a subi un total de quatre opérations, à Dresde puis à Aarau. Ensuite, c’est à Bellikon, dans une clinique de rééducation, que son long chemin vers une vie normale a commencé. «Là-bas, on voit des gens qui ont eu encore moins de chance», explique-t-il. «Et pourtant, ces personnes continuent de vivre avec le sourire.» Une véritable source d’inspiration.
«J’avais deux options», ajoute Sandro Michel. «Soit je m’enfonçais dans l’apitoiement, soit je me bougeais.» Le bobeur argovien a choisi la deuxième voie, enchaînant les séances de rééducation. Au début, il s’agissait simplement de s’asseoir ou de se lever. Son corps, resté alité durant des semaines, ne suivait plus. «Heureusement, il me restait une jambe sur laquelle je pouvais m’appuyer», se souvient-il.
La flexion de la hanche l’empêche de faire son retour
Après dix semaines passées en clinique, Michel a pu rentrer chez lui. Mais les thérapies ont continué au quotidien. Il a aussi commencé à fréquenter à nouveau la salle de sport. Un an et demi plus tard, il affirme: «Je suis toujours en rééducation». Celle-ci se confond désormais avec son entraînement en vue d’un éventuel retour à la compétition.
«Je ne devrais pas me plaindre, mais ça pourrait aller mieux», reconnaît-il. Malgré tout, Sandro Michel se montre optimiste et reconnaissant. Lorsqu’il regarde les photos de son corps meurtri, il se dit heureux d’être encore debout. Pourtant, il sait que son retour au premier plan ne sera pas pour tout de suite.
«Le manque de flexion de la hanche est la raison pour laquelle je ne pourrai pas participer aux compétitions cette saison.» Les prochains Jeux olympiques d’hiver, prévus en février, se dérouleront donc sans lui. C’est un test de performance passé il y a un mois qui l'a confirmé.
Pas de quoi toutefois lui faire baisser les bras. «Pour moi, il a toujours été clair que je voulais revenir au sport», dit-il. Cependant, personne ne sait combien de temps cela prendra. «J’aurais aimé que ça aille plus vite», admet-il.
Il veut remonter dans le bob cette année
Parfois, Sandro Michel tente de courir à l’entraînement. «Je sais comment faire, mais c’est frustrant, ma jambe ne suit pas», souligne-t-il. Il espère progresser: «Je veux revenir à un vrai niveau, pas juste faire acte de présence». C’est pourquoi il ne participera pas à la première manche de la Coupe du monde, qui se tiendra à Cortina le 17 novembre.
La saison dernière, Michel avait assisté à deux courses et avait même pris part à des entraînements avec l’équipe. «Ça m’a fait du bien mentalement», concède-t-il. Ce mois-ci, il accompagnera ses coéquipiers en stage. «Si c’est possible, j’aimerais bien remonter dans le bob et redescendre la piste.» Ce serait un premier pas vers son grand objectif: participer aux Jeux olympiques de 2030.