Melanie Hasler (26 ans) est la meilleure pilote de bobsleigh en Suisse. Elle vient de passer une semaine à Lillehammer, en Norvège. Elle y a testé son nouveau bob, qu'elle souhaite utiliser «le plus rapidement possible» en Coupe du monde.
Ces quelques jours étaient intenses: l'Argovienne a fait presque autant de descentes qu'en un mois de Coupe du monde.
Conséquence: elle ne l'utilisera pas pour la première épreuve de la saison, le 1er décembre. «Mais l'objectif, c'est de l'utiliser dès cet hiver», précise Melanie Hasler, avec optimisme.
La pilote a une raison supplémentaire d'être optimiste: sa pousseuse habituelle, Nadja Pasternack, est de retour après une pause maternité. Un retour plus tôt que prévu. Résultat? Elle sera en concurrence avec Mara Morell, sa remplaçante provisoire. Autrement dit: Melanie Hasler dispose désormais de deux pousseuses. Qui plus est de même niveau.
Et c'est un avantage, surtout pour la longue saison à venir. En effet, les Championnats d'Europe à St-Moritz et les Championnats du monde à Lake Placid sont au programme. Sans compter que cette saison sert de répétition générale pour les Jeux olympiques en février 2026.
Melanie Hasler avoue ne pas encore beaucoup penser à ces JO, mais elle a déjà des objectifs concrets pour les championnats d'Europe et du monde:
L'Argovienne ne cache pas qu'une breloque mondiale a plus de valeur qu'une médaille continentale. Alors qu'elle a déjà remporté l'argent et le bronze aux Européens, elle est toujours bredouille au niveau planétaire.
Malgré cette motivation supplémentaire, la jeune femme reste réaliste. Il est extrêmement difficile de rivaliser avec l'équipe allemande en raison de son avantage matériel. «Mais j'ai un bon pressentiment et j'espère, bien sûr, que je ne me trompe pas», sourit Melanie Hasler.
Sa passion pour le bobsleigh relève davantage d'un coup de chance que d'un rêve d'enfant. Pour comprendre, il faut rembobiner jusqu'à son adolescence, quand elle jouait au volleyball il y a dix ans. «Melanie peut rivaliser avec les garçons grâce à sa puissance de saut», avait affirmé son entraîneur de volley à Christoph Langen, alors coach de l'équipe nationale de bob.
Une prédisposition physique aussi importante en volleyball qu'en bobsleigh, où il s'agit d'être très puissant au début de la piste, à la poussée.
Hasler, qui n'avait pourtant pas envie de s'investir à nouveau autant dans un sport totalement inconnu pour elle, a alors rencontré Langen. Ce dernier a présenté à la jeune fille, alors âgée de 16 ans, un plan sur huit ans. Et ce plan l'a convaincue:
Alors que la plupart des bobeurs sont d'abord pousseurs et ne deviennent pilotes qu'après quelques années, Melanie Hasler a tout de suite piloté. Un signe supplémentaire de l'immense talent de l'Argovienne. Aujourd'hui, dix ans plus tard, elle vit son rêve.
Mais il y a un obstacle. Et il est financier: le bobsleigh n'est pas rentable. «Je vis toujours chez mes parents», révèle Melanie Hasler. Grâce à son contrat militaire, qu'elle a depuis 2022, elle bénéficie au moins d'un peu d'indépendance.
Son engagement avec l'armée est encore une preuve du talent sportif de la bobeuse argovienne. En effet, tous les quatre ans, seuls un homme et une femme de la même discipline, au maximum, peuvent devenir athlètes militaires. Et seulement huit sportifs d'hiver au total. Melanie Hasler se montre très reconnaissante des possibilités que lui offre l'armée. Cette dernière lui permet de continuer à vivre de sa passion.
Le petit ami de l'Argovienne, Michael Vogt (26 ans), est lui aussi bobeur. Et vit également toujours chez ses parents.
Alors que les pousseuses de Melanie Hasler ont les deux un travail et peuvent ainsi économiser de l'argent, la pilote, elle, fait du bob à 100%. Un changement pour devenir pousseuse serait-il donc envisageable? «Non, soit je suis pilote, soit j'arrête», tranche la jeune femme.
Une chose est certaine: elle n'abandonnera pas son sport avant les JO 2026. «J'ai été captivée par les Jeux de Paris», confie Hasler.
On verra bientôt si ce rêve – aux Jeux olympiques, aux Championnats d'Europe ou aux Championnats du monde – se réalisera.
Traduction et adaptation en français: Yoann Graber