La mythique course new-yorkaise fait rêver plus d'un coureur. Le 5 novembre dernier, ils étaient 50 000 à prendre le départ du marathon de New York qui traverse les cinq arrondissements de la Grande Pomme: Manhattan, Brooklyn, le Queens, le Bronx et Staten Island. Outre les amateurs de running, le plus grand événement sportif de la ville attire des millions de spectateurs et téléspectateurs depuis 1976.
Mais derrière l'image soignée made in USA de la course, qui s'élance depuis un spectaculaire pont suspendu, se cache une réalité beaucoup moins glamour. Au départ de l'épreuve, le sol est jonché de déchets: emballages de barres de céréales, de gels énergétiques, vêtements et même de bouteilles remplies d'urine. Ou pire.
Car oui, il y a des coureurs qui défèquent par terre dans les sas pour ne pas perdre leur place, cachés sous un sac poubelle enfilé comme un imperméable comme le raconte Le Monde. Au point que les organisateurs précisent désormais qu'il est strictement interdit de se soulager ailleurs que dans les toilettes portables. On en compte aujourd'hui 1500 près de la ligne.
Les trottoirs aux départs et aux abords des marathons ne donnent jamais très envie de s'allonger par terre pour communier avec l'asphalte, mais le dégoût est particulièrement compréhensible à New York. La ligne de départ est éloignée de la ville et les coureurs doivent anticiper leurs déplacements de plusieurs heures, tout comme leur consommation de liquides et de solide.
Et les adeptes de ce sport ingrat le savent bien: les gels énergétiques et autres boissons stimulantes aux couleurs douteuses ont un effet particulier sur la digestion. Ajoutez à cela un trouillomètre parfois très élevé avant le départ et un effort intense de plusieurs heures et vous obtenez un cocktail aux effets abjects sur l'organisme.
Boston marathon runner pooped in someone’s yard today 🤣💩 pic.twitter.com/Jtn6fxNQ2f
— Babz (@BabzOnTheMic) April 17, 2023
À la pollution des entrailles humaines s'ajoute celle des tenues. Car qui dit marathon en novembre depuis un pont balayé par les vents et départs anticipés de plusieurs heures, dit couches de vêtements pour tenir le coup avant d'entamer la course. Les marathoniens se débarrassent de leurs survêtements, au mieux en les jetant dans les bacs prévus à cet effet aux abords de la ligne, au pire en les balançant, revigorés et réchauffés, sur la route au bout de quelques kilomètres.
Il y a aussi les coureurs qui les abandonnent carrément par terre plutôt que dans les bacs, avant même de commencer à courir. Comme pour les déféqueurs sauvages et adeptes du pipi bouteille, le but étant de ne pas perdre sa précieuse place dans les sas.
L'organisation du marathon de New York assure depuis des années que les vêtements abandonnés par les coureurs sont récoltés et redistribués à des associations. Et il y a de quoi rhabiller plus d'un Américain dans le besoin: en tout, ce sont en moyenne 38 tonnes qui sont récupérées chaque année, soit 760 grammes par participant. L'édition 2014 avait même atteint un record, avec 90 tonnes, une année où des vents glaciaux avaient donné du fil à retordre aux coureurs transis de froid.
Sur les 10 000 bénévoles, 200 ont pour mission de ramasser ses vêtements, aidés de six camions, tout au long du parcours. À cet amas de textile s'ajoutent encore les emballages à usage unique, puisque ce sont aussi 50 000 cafés et 6000 thés qui sont distribués aux participants par Dunkin' Donuts.
A choisir, de quoi presque préférer s'infliger un massacre des articulations sur 42,195 kilomètres que d'être un bénévole en charge du ramassage.