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Roland-Garros: Nadal peut-il vraiment arrêter sa carrière dimanche?

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Nadal peut-il vraiment arrêter sa carrière dimanche?

Depuis quelques jours, Rafael Nadal évoque ouvertement sa retraite. Sa maladie est incurable et le fait toujours plus souffrir. Mais en même temps, il gagne...
04.06.2022, 09:0105.06.2022, 10:52
christian despont, paris
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Sur ce Central où il a essuyé tant de huées, Rafael Nadal est aujourd'hui acclamé debout, porté par une ferveur populaire qu'il croyait réservée à Roger Federer. Les gens l'aiment. Plus exactement, ils le chérissent. Ce n'est pas qu'ils apprécient ses manières de prolétaire, ses hurlements, sa sueur, ses retards, mais ils n'oublient pas que dans ce lieu sacré où des milliers de joueurs ont promis de tout donner, tous autant qu'ils sont, un seul n'a jamais manqué à sa parole: Nadal.

La foule éperdue l'a bien compris, et voudrait rattraper le temps perdu. Cette année, chaque foulée du matador sur la poussière ocre de ses plus grands carnages est célébrée comme la dernière, et Nadal semble les considérer lui-même comme un tour d'honneur: «C'est peut-être mon dernier Roland-Garros», a t-il prévenu d'emblée devant des journalistes atterrés.

Il y a ce «peut-être» que chacun voudrait attribuer à sa nature profondément angoissée, mais il y a tout ce que l'on ne sait pas, les maux que l'on ne dit pas, les douleurs, les injections, les séquelles.

«On en parlera après
le tournoi...»

Depuis son arrivée à Paris, Nadal semble nous préparer à une mauvaise nouvelle, jour après jour. On croit entendre Gainsbourg à chaque fois qu'il parle (et Birkin à chaque fois que notre confrère espagnol renifle). On croit attendre un «je suis venu te dire que je m'en vais» et que nos ovations n'y pourront rien changer. Après sa bataille en cinq sets contre Félix Auger-Aliassime, dimanche, il a dit: «Chaque match que je joue ici est peut-être mon dernier à Roland-Garros, peut-être même le dernier de ma carrière, je ne sais pas.»

Mardi, après avoir battu Novak Djokovic (toujours en cinq sets), il suffoquait et on blêmissait, et il a encore dit: «On en parlera après le tournoi et vous comprendrez.» Te fatigue pas Popeye, on a compris.

Vendredi, après avoir soufflé les 36 bougies de son gâteau d'anniversaire, il a expliqué plus ou moins gaiement: «J'aime jouer. Si je suis en bonne santé, j'aime ces combats, j'aime la compétition. Je trouve que je suis encore bon et ça veut dire beaucoup. J'en suis fier. Mais pour jouer à Roland-Garros cette année, j'ai dû accepter de nombreux sacrifices.»

A la question, «si vous deviez choisir entre un pied tout neuf et le trophée dimanche», Nadal a répondu sans hésiter:

«Un pied tout neuf. Mon bonheur passe avant n'importe quel titre. Ne plus avoir cette douleur au quotidien, ça me changerait la vie»

En privé, le champion semble envisager sa retraite prochaine, sinon avec sérénité, du moins avec attention. Son médecin personnel l'accompagne durant toute la quinzaine. A en croire plusieurs médias, Nadal reçoit une infiltration locale au pied gauche avant chaque match, moins pour soigner la douleur que pour l'atténuer. Quand il aura terminé sa carrière, il subira une lourde opération. Il ne fera jamais de claquettes mais il pourra mener une vie à peu près normale, selon les spécialistes.

La question est: combien de temps lui reste-t-il? Ce que personne ne sait, même ses proches, c'est à quel point il souffre. Quel est son seuil de résistance, physiquement, psychologiquement, sachant que chaque décharge envoyée par le frottement de l'os naviculaire remonte jusqu'à la tête? A partir de quand la douleur de cavaler est-elle plus forte que le bonheur de jouer?

«Il y a trop de jours où je suis obligé de vivre avec trop de douleur. Trop de jours où je suis malheureux»
Avant le tournoi

Nadal a répété qu'il jouait «pour être heureux», que son bonheur ne serait jamais indexé à son palmarès. Si on croit à sa sincérité, on est obligé d'envisager qu'il arrête dimanche, après avoir gagné les deux premiers Grand Chelem de l'année et affiché un niveau de complétude jamais atteint dans sa carrière. Parce qu'il n'en peut plus. Parce qu'il n'est pas heureux, très trivialement.

C'est ce qui s'appellerait partir en pleine gloire. On se souviendrait des jours heureux et la voix de Gainsbourg viendrait encore nous narguer, «tu pleures, tu sanglotes, tu gémis» (et notre confrère espagnol en reniflerait toutes les larmes de son corps). Mais ce n'est pas fini. Rien ne le dit, ni personne encore. Vivons heureux: vivons dans le déni.

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