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Le Masters de tennis féminin en Arabie saoudite est un échec

L'événement n'attire pas les spectateurs
Aryna Sabalenka et les autres joueuses engagées à Riyad performent devant des tribunes vides. Image: keystone

Le Masters de tennis féminin en Arabie saoudite est un échec cuisant

Les finales de la WTA ont lieu cette année à Riyad en Arabie Saoudite. Si les installations sont merveilleuses, l'événement n'attire pratiquement aucun spectateur sur place.
07.11.2024, 05:12
Adrian Bürgler
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Cela devient une habitude. Après les combats de boxe, les transferts des plus grands joueurs de foot de la planète et les courses de Formule 1, l'Arabie saoudite tient un nouveau joujou et organise actuellement les finales de la WTA, le fameux Masters de fin de saison réunissant les huit meilleures tenniswomen de l'année.

Tous ces événements font partie de la politique de sportwashing du régime saoudien. On entend par ce terme les efforts d'un pays qui consistent à améliorer son image par le biais des événements sportifs, valorisés positivement partout dans le monde. Concrètement, il s'agit de faire oublier à l'opinion publique les lacunes du royaume concernant les droits de l'homme. Les femmes et les membres de la communauté LGBTQ+ sont opprimés voire persécutés en Arabie saoudite. L'esclavage existe. Nous avons appris dernièrement la mort de plus de 20'000 personnes dans le cadre d'une construction de prestige.

Et pourtant, la WTA a atterri à Riyad, la capitale de l'Arabie saoudite, pour son tournoi de fin d'année. Pourquoi?

Adieu la Chine

L'instance a cherché à renouer avec une certaine stabilité. Les finales ont eu lieu à Istanbul entre 2011 et 2013 puis à Singapour de 2014 à 2018. Elles devaient ensuite se tenir à Shenzhen en Chine durant neuf années, mais la pandémie mondiale est venue perturber les plans.

La WTA a alors été contrainte d'improviser. Les éditions de Guadalajara au Mexique et de Fort Worth aux Etats-Unis n'ont attiré que peu de spectateurs. Le point le plus bas a été atteint la saison dernière, lorsque le stade temporaire de Cancun a été installé dans la précipitation et qu'une tempête tropicale a rendu les conditions difficiles.

C'est ainsi que le circuit féminin a signé un contrat avec l'Arabie saoudite. Désormais, les finales auront lieu à Riyad, au moins jusqu'en 2026. L'argent a bien sûr motivé ce choix. La WTA est en proie à des difficultés financières et a enregistré des pertes de plus de 15 millions de dollars en 2020 et 2021. Son avenir dépend des millions saoudiens.

Le voyage dans le désert vaut également le coup pour les joueuses. Les huit vont recevoir 335'000 dollars chacune rien que pour leur participation. A cela s'ajoute 350'000 dollars par victoire durant la phase de groupes. Si une tenniswoman remporte les finales sans connaître la défaite, elle touchera plus de 5 millions de dollars. Jackpot.

Décision critiquée

Les joueuses acceptent-elles sans broncher les violations des droits de l'homme? Non. Il y a eu des critiques, et ce dès l'annonce de la signature du contrat. Dernièrement, Darja Kasatkina a lâché: «C'est un pays avec beaucoup de problèmes». On lui aurait toutefois assuré que sa sécurité en tant que joueuse homosexuelle, en couple avec la patineuse Natalja Sabijako, serait garantie.

Bien qu'elle ait des raisons de boycotter le tournoi, Kasatkina est présente à Riyad. En tant que première remplaçante, elle recevra la somme respectable de 250'000 dollars. Elle voit dans ce tournoi une chance de faire bouger les choses en Arabie saoudite.

La célèbre entraîneuse Judy Murray est sur la même longueur d'onde. «On ne peut pas rêver d'une meilleure vitrine. Nous devons saisir cette chance», a-t-elle déclaré. La mère d'Andy espère que le public féminin, autorisé à assister aux événements sportifs depuis 2018, sera inspiré par les joueuses. La directrice de la WTA, Portia Archer, penche du même côté. «Il est facile de pointer du doigt et de condamner de l'extérieur. Mais certains changements doivent venir de l'intérieur», souffle-t-elle.

Les spectateurs boudent l'événement

Mais pour que les choses puissent bouger, il faudrait que l'événement soit réellement apprécié par le public local. Car lundi, le King Saud University Indoor Stadium d'une capacité de 5000 places semblait bien vide, alors que les billets les moins chers étaient vendus pour l'équivalent de moins de dix francs.

«C'est tout simplement décevant», a estimé Tim Henman, consultant pour la chaîne Sky, à ce sujet. Le stade, les terrains d'entraînement et toutes les installations sont fantastiques, selon lui. Dans ces conditions, il est encore plus frustrant de devoir composer avec une ambiance aussi terne. Certes, Iga Swiatek a semblé apprécier le fait de pouvoir jouer dans une atmosphère relativement calme. Or les sièges vides déplaisent au régime saoudien.

Ce n'est pas la première fois que des événements sportifs organisés dans le pays font face à un tel problème. Récemment, les meilleurs joueurs de snooker ont disputé un Masters à Riyad devant des gradins vides.

C'était également le cas à l'occasion des Next Gen ATP Finals l'an dernier. Les matchs de Dominic Stricker et compagnie n'avaient suscité aucun intérêt de la part du public local, jusqu'à ce que les organisateurs réagissent. Selon le Tages-Anzeiger, des spectateurs ont été appelés au pied levé puis payés pour remplir quelque peu la salle. Les figurants, dont le nombre a été estimé à 700, ont reçu 100 riyals saoudiens, soit environ 23 francs, pour s'asseoir durant quatre heures dans l'arène.

Qui sait, peut-être que la salle accueillant les finales de la WTA se remplira à nouveau soudainement, comme par magie, ces prochains jours.

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