En 2003 et 2007, la Suisse était une nation de voile. Alinghi a remporté deux fois de suite la prestigieuse Coupe de l'America et a provoqué une euphorie. C'est la raison pour laquelle les rêves et les exigences étaient grands lorsque l'équipe s'est à nouveau lancée dans la compétition sous le nouveau nom d'Alinghi Red Bull Racing après 14 ans d'absence.
Mais l'embarcation suisse a échoué très tôt à Barcelone. Tout s'est arrêté en demi-finale des Challenger Selection Series. Alinghi s'est inclinée 5-2 face à l'équipe britannique Ineos Britannia, mercredi en Catalogne. Après avoir été menés 4-0, les Suisses se sont rebellés et ont fait preuve d'un certain courage en remportant deux victoires. Mais les Britanniques étaient bien trop forts.
Pendant plus de deux ans, les Suisses se sont préparés à la Coupe de l'America à Barcelone. Le fait que la compétition s'achève maintenant en demi-finale est une grande déception, compte tenu de leur travail, mais aussi de leurs ambitions avouées: avant le départ, les membres d'Alinghi Red Bull Racing ont affirmé leur volonté de remporter la Coupe de l'America. Cette entreprise a clairement échoué.
Cet échec précoce est pourtant logique. Les signes avant-coureurs de la 37e Coupe de l'America n'étaient pas comparables à ceux de 2003, lorsqu'Alinghi s'était imposée dès ses débuts dans les Challenger Selection Series et avait finalement remporté le trophée. A l'époque, l'équipage était très international et les Néo-Zélandais en constituaient la majeure partie. Plusieurs d'entre eux avaient déjà remporté la compétition auparavant.
Mais cette année, le règlement stipulait que seules des personnes du pays de l'équipe pouvaient se trouver sur le bateau. Une nouvelle équipe suisse a donc été constituée, composée de navigateurs helvétiques et d'athlètes de haut niveau issus de l'aviron, du cyclisme et de la course à pied.
Ce manque d'expérience est ce qui a cruellement fait défaut à Alinghi et il a été durement sanctionné. Mais ce qui est remarquable dans la performance suisse, c'est que l'équipe n'a cessé de s'améliorer. On l'a constaté lors du Round Robin puis en demi-finale, où Alinghi a même poussé les Britanniques à la faute. Mais au final, l'expérience nécessaire a manqué, notamment parce que l'équipe n'a guère eu le droit de régater avant la Coupe de l'America - et qu'elle disposait donc de peu d'expérience en matière de compétition.
Même si cette élimination est décevante, le potentiel de l'équipe suisse était visible. Le skipper Arnaud Psaforaghis (36 ans) et le barreur Maxime Bachelin (26 ans) sont restés calmes et ont fait de moins en moins d'erreurs au fur et à mesure que la pression augmentait. Malgré un démâtage lors de la préparation et de nombreuses défaites pour commencer, Alinghi s'est battu pour revenir. Le score de 5-2 en demi-finale contre les Britanniques peut même être considéré comme un petit succès d'estime qui, certes, ne consolera personne.
Après la fin de cette campagne, le sort d'Alinghi Red Bull Racing reste totalement ouvert. Pour les talentueux navigateurs suisses, il faut espérer qu'une nouvelle participation à la Coupe de l'America soit envisagée. L'expérience acquise cette année vaudra alors son pesant d'or.
Traduction et adaptation: Julien Caloz.