Suisse
Agriculture

Face au quinoa, les paysans suisses crient à l'«urgence d'agir»

L'agriculteur Urs Tellenbach dans un de ses champs à Pieterlen (Berne). Il voulait planter des graines de chia. Maintenant, les mauvaises herbes poussent. A côté mûrissent des pois chiches et du  ...
L'agriculteur Urs Tellenbach dans un de ses champs à Pieterlen (Berne). Il voulait planter des graines de chia. Maintenant, les mauvaises herbes poussent. A côté mûrissent des pois chiches et du quinoa.Image: Keystone

Pourquoi ces légumes tendances ne sont pas rentables en Suisse

Alors que les produits végétaux comme le houmous, le lait d’avoine ou les substituts de viande sont en plein essor, les agriculteurs suisses peinent à suivre cette tendance. Cultiver des pois chiches ou du quinoa n'est, selon eux, pas lucratif.
02.08.2025, 11:5002.08.2025, 11:50
Lea Hartmann
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A Pieterlen (BE), le champ de la famille Tellenbach attire à peine le regard. Ce qui y pousse semble, au premier abord, être de la mauvaise herbe. Et pourtant, entre un quartier résidentiel et une voie ferrée, on y cultive des plantes rarement vues en Suisse: quinoa, fèves, pois chiches, et autres légumineuses.

Le quinoa n'est pratiquement pas cultivé en Suisse.
Le quinoa n'est pratiquement pas cultivé en Suisse.Image: keystone

Ces cultures riches en protéines sont en forte demande. De plus en plus de consommateurs souhaitent mettre davantage de végétal dans leur assiette, que ce soit pour protéger la planète, les animaux ou leur propre santé. Mais du côté des champs, l’enthousiasme n’y est pas. Cultiver ces plantes ne rapporte pas, affirment de nombreux producteurs. Résultat: la production végétale helvétique est en recul.

«Le secteur des grandes cultures est notre point faible», reconnaît Martin Rufer, directeur de l’Union suisse des paysans (USP). Ce jeudi, l’USP s’est associée pour la première fois aux organisations Bio Suisse et IP-Suisse pour une conférence de presse conjointe à la ferme des Tellenbach. Une entente rare dans un milieu où les divergences sur les questions agricoles sont fréquentes. Mais ici, l’unité est de mise. Tous s’accordent sur l’urgence d’agir.

Urs Brändli, président de Bio Suisse, regrette:

«Beaucoup d’exploitations, en particulier bio, aimeraient développer leur production végétale destinée à l’alimentation humaine. Mais vendre ces produits est extrêmement difficile»

Une concurrence étrangère sans frein

Le principal obstacle, selon les agriculteurs, est l’absence de protection douanière. Contrairement à des cultures comme le blé ou les pommes de terre, le quinoa, les pois chiches ou l’avoine étrangers entrent en Suisse sans droits de douane ni quotas. Si bien que les producteurs suisses ne peuvent rivaliser avec la concurrence étrangère à bas prix.

IP-Suisse, qui fédère près de 19 000 exploitations, avait pourtant lancé la culture de quinoa en 2015. Mais cette année, elle a jeté l’éponge. «Ce n’est tout simplement pas rentable», tranche Christophe Eggenschwiler, directeur de l’organisation. Il pointe également l’absence de produits efficaces pour lutter contre les mauvaises herbes, l’apparition de nouveaux parasites et les effets du réchauffement climatique.

Certains paysans persévèrent

Face aux difficultés, les organisations agricoles réclament davantage de soutien de la part de la Confédération. Du côté du gouvernement, on tempère les attentes. Le droit international, et notamment les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), limite fortement la possibilité pour la Suisse d’augmenter sa protection douanière. Et s’il fallait le faire, il faudrait alors s’attendre à devoir faire des concessions dans d’autres secteurs agricoles.

En 2023, la Confédération a tout de même introduit des paiements directs pour les légumineuses destinées à la consommation humaine, comme les pois chiches. Mais une augmentation de ces aides semble peu probable à court terme, dans un contexte de rigueur budgétaire.

Malgré tout, la famille Tellenbach persévère. Leur quinoa local reste demandé dans leur petit magasin à la ferme. Cette année, ils n’en récolteront sans doute pas plus de 50 kilos.

«Et c’est bien dommage, car nous aimerions pouvoir cultiver une plus grande surface»

Traduit et adapté de l'allemand par Léon Dietrich

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