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Prix de l'essence: la Suisse doit-elle baisser les taxes?

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Baisser les taxes, soutenir les Suisses: quelles solutions face au prix de l'essence?

Les prix des carburants explosent en Suisse et la hausse ne va pas s'arrêter.
Les prix des carburants explosent en Suisse et la hausse ne va pas s'arrêter.Image: Keystone
Alors qu'une pétition demande de suspendre les taxes sur les carburants pour lutter contre la hausse des prix, d'autres approches sont actuellement discutées au Parlement. Voici deux idées sur la table.
10.06.2022, 05:5311.06.2022, 12:43
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Le prix des carburants a pris l'ascenseur en Suisse. Les tarifs ont bondi de 26,9% sur une année. Actuellement, selon les données du TCS, le litre d'essence coûte 2,24 francs, celui du diesel 2,30. Et le pire, c'est que la hausse ne va pas s'arrêter. Du moins pas avant la fin du conflit en Ukraine, affirmait récemment l'économiste Sergio Rossi.

Face à cette situation, les autorités doivent réagir. C'est ce que pense l'organisation Team liberté, qui a déposé une pétition à Berne, ce mardi. Signé par plus de 17 000 personnes, le texte demande une suspension des taxes sur les carburants durant 6 mois. «La hausse actuelle des prix correspond à peu près aux taxes que l'Etat prélève sur les carburants. Pour le diesel, cela représente actuellement 92,25 centimes», estime le groupe, dont le comité se compose de plusieurs membres des jeunesses UDC et PLR.

Pour la Team liberté, «il est inacceptable que l'Etat profite de l'explosion des prix». Baisser les taxes sur les carburants, est-ce la bonne solution pour freiner la hausse du prix de l'essence? «Je partage l'approche, j'y suis plutôt favorable», réagit le conseiller national PLR Olivier Feller, qui appelle toutefois à «éviter la précipitation».

Une «mesure-arrosoir»

Pour le Vaudois, il faut soutenir les ménages de la classe moyenne et les PME. Mais avec «des mesures réfléchies», affirme-t-il. «On ne sait pas encore comment l'inflation va évoluer ni quels biens seront particulièrement touchés.»

Surtout, le conseiller national invite à considérer la hausse du prix des carburants dans le contexte plus large de l'inflation qui touche actuellement la Suisse. «Réduire l'impôt sur l'essence et le diesel ne toucherait que les personnes qui roulent beaucoup et les entreprises de transport», argumente-t-il.

Une telle mesure ne profiterait donc pas à toute la population, selon Olivier Feller. Son collègue socialiste Samuel Bendahan partage ce point de vue:

«Baisser les prix de l'essence est une mesure-arrosoir, qui touche tous les utilisateurs de voitures en fonction de leur consommation»
Samuel Bendahan, conseiller national (PS, VD)

Par conséquent, seules «les personnes qui roulent énormément en voiture et ont de très hauts revenus» bénéficieraient d'une mesure qui, poursuit-il, «coûte très cher».

Tout comme Olivier Feller, Samuel Bendahan considère que l'essence n'est que l'un des coûts qui pèsent sur la population. Si le constat est le même, les solutions proposées pour parvenir à soulager la population sont pourtant très différentes.

Distribuer des aides ou baisser les taxes?

Deux tendances se dessinent actuellement au Parlement. Le Parti socialiste propose un «chèque fédéral», qui consiste à verser à chaque ménage de la classe moyenne et aux revenus modestes une somme fixe: 260 francs par adulte et 130 francs par enfant. «Cet argent a un effet beaucoup plus sensible qu'une réduction des taxes et compense largement la hausse du prix de l'essence», argumente Samuel Bendahan.

D'autant plus que, d'après lui, les primes maladie et le loyer jouent un rôle plus important dans la perte du pouvoir d'achat constatée en Suisse. Ainsi, l'argent que le PS envisage de verser aux ménages pourrait partiellement couvrir d'autres hausses, selon l'élu socialiste.

Dans le camp bourgeois, on pense différemment. La mesure proposée par les socialistes n'aide pas la classe moyenne, accuse Olivier Feller. Et d'ajouter:

«La classe moyenne risque de se retrouver triplement touchée: par les impôts, l'inflation et aucune aide»
Olivier Feller, conseiller national (PLR/VD)

Le conseiller national PLR estime qu'au lieu de distribuer de l'argent, il faudrait plutôt «prendre un peu moins d'argent aux ménages». Sous la forme d'une réduction des taxes, mais pas uniquement de l'impôt sur les huiles minérales, qui comprend les carburants.

«On peut imaginer la réduction d'autres taxes, comme la TVA, qui touche la consommation», déclare Olivier Feller. Baisser le taux de la TVA pour un certain temps pourrait être une solution, poursuit-il, avant de préciser qu'il s'agit d'«une idée qui doit encore être creusée».

De son côté, le Parti socialiste est déjà prêt à passer à l'action. Il va déposer deux motions demandant à soutenir financièrement les ménages modestes dans les prochains jours.

Alors, faut-il distribuer des aides ou baisser les taxes? Le débat est lancé.

L'essence prend l'ascenseur, micro-trottoir à la pompe
Video: watson
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