Dans une boutique zurichoise spécialisée dans le militaria et les objets vintage, un groupe de jeunes touristes venus de Hambourg scrute de vieilles sacoches de l'armée suisse étalées sur le comptoir. Certaines sont patinées par le temps, d'autres arborent un tannage foncé. On délibère: quel modèle ira le mieux avec le reste de la tenue? Un étudiant, vêtu d'un polo, s'enthousiasme
Mais cette robustesse a un prix: ici, à Zurich, ces pochettes se vendent 72 francs suisses. Et elles ne sont pas les plus chères. «Sur Internet, c'est souvent encore plus cher, et il faut ajouter les frais d'expédition et de douane», confie le client venu de Hambourg.
Il y a quelques années, ces sacoches se vendaient pour une bouchée de pain sur les marchés aux puces, parfois pour seulement cinq francs. Aujourd'hui, un simple tour sur eBay montre à quel point les prix ont explosé : les modèles les plus basiques commencent à 90 francs, tandis qu'une sacoche sanitaire en cuir peut atteindre 350 francs – vide.
Les sacs à dos militaires suisses, encore plus recherchés, atteignent des sommes astronomiques. Sur eBay, certains modèles se négocient entre 250 et 500 francs.
Cet intérêt soudain ne doit rien au hasard. Instagram et TikTok regorgent de publications d'influenceurs exhibant fièrement ces pièces d'époque, déclenchant une véritable ruée. Le compte Galen_Leather, suivi par 95 000 passionnés de maroquinerie, met régulièrement en avant d'anciens sacs militaires suisses.
Un autre compte hongkongais, suivi par plus de 60 000 personnes, présente un sac à pain suisse avec la mention «Swiss army quality». Sur TikTok, des influenceurs cumulent des millions de vues en portant ces sacs militaires vintage. Les commentaires sont unanimes, tous veulent savoir comment mettre la main dessus.
Si les vendeurs profitent de cet engouement, certains s'inquiètent de l'effet de mode. Un commerçant zurichois met toutefois en garde:
Preuve en est lorsque deux jeunes Américaines repartent avec d'anciens Schiffli, ces petites casquettes militaires suisses. Urban Gauch, collectionneur et vendeur amateur d'objets militaires dans le canton de Berne, constate lui aussi l'augmentation de la demande internationale.
Contrairement aux revendeurs opportunistes, Gauch vend à des prix raisonnables, sans chercher à maximiser ses profits.
Sa préférence va aux clients nostalgiques, ceux qui achètent par amour de l'objet et non pour suivre une tendance passagère.