C’est un «élan impulsif de jeunesse» qui a conduit Tamara Rancetti à s’engager dans l’armée. Aujourd’hui, à 39 ans, cette Saint-Galloise est devenue major avec près de 1000 jours de service à son actif. Elle planifie des exercices et coordonne les troupes. En tant que responsable de la promotion des femmes dans l’armée pour le canton de Saint-Gall, elle tente aussi d'inciter les jeunes femmes à s’engager dans le service militaire.
Ce qui n'est pas une tâche facile, d’autant plus au regard de l’expérience personnelle de Tamara Rancetti dans l’armée. En tant que mère de deux enfants, principalement en charge du foyer et disposant d’un revenu personnel très modeste, elle est défavorisée par le système actuel.
En effet, celui qui exerce une profession continue de percevoir au moins 80% de son salaire pendant son service militaire:
Ce qui la surprend particulièrement, c'est que son grade n'a aucune incidence, tout comme le salaire de son mari, qui n'est pas pris en compte.
La major Rancetti reçoit une indemnité APG de 138 francs par jour de service — soit le tarif minimum, auquel s'ajoutent les allocations familiales. C'est le même montant que celui perçu par les étudiants pendant leur service militaire. Seuls les cours de formation génèrent une indemnité plus élevée. De plus, une indemnité pour la garde des enfants n'est versée que si Rancetti effectue au moins deux jours de service consécutifs.
Elle connaît d'autres femmes dans l'armée qui se trouvent dans la même situation. Sa famille s'en sort bien, souligne Rancetti. Mais ce qui l'inquiète surtout, c'est le message que cela transmet:
Cela dérange également le conseiller national PLR Marcel Dobler. Il demande au Conseil fédéral de revoir le système d'indemnisation:
Dans une prise de position, Dobler exige du Conseil fédéral une explication sur le fait que les cadres supérieurs reçoivent la même indemnité de base que les recrues. Il demande également à la Confédération de préciser le coût d'un éventuel ajustement du système.
Dobler estime qu'il existe d'autres facteurs dissuasifs pour les femmes, dont beaucoup ne sont pas conscients. «C'est pour cela que j'invite les personnes concernées à me contacter si elles connaissent d'autres exemples», explique-t-il.
Dans l'armée, on reconnaît que l'APG ne suffit pas toujours à couvrir toutes les situations. C'est pourquoi un service social existe pour apporter une aide supplémentaire dans certains cas. Ce service prend notamment en charge les frais de garde d'enfants lorsque l'APG ne s'applique pas. Pourtant, selon la major Tamara Rancetti, beaucoup de membres de l'armée ne sont pas au courant de cette option. Elle-même ne l'a découverte que récemment.
Marcel Dobler exige également des ajustements de la part de l'administration fédérale dans ce domaine:
En revanche, le montant de l'allocation pour perte de gain ne relève pas de l'armée, mais de l'Office fédéral des assurances sociales. Celui-ci souligne que l'APG n'est justement pas un salaire, mais une indemnité pour une perte de salaire:
En compensation du service effectué, il y a la solde, qui augmente avec le grade. Toutefois, il s'agit d'une solde plutôt symbolique: une recrue perçoit 6 francs par jour, tandis qu'un major, comme Tamara Rancetti, reçoit 26 francs.
Tamara Rancetti effectue environ quinze jours de service militaire par an, avec cinq semaines de formation supplémentaires cette année. Pendant cette période, ce sont son mari, les grands-parents et des amis qui s'occupent de la garde des enfants.
La major est quelque peu déçue par les efforts de promotion des femmes dans l'armée: «Pour être honnête, j'en attendais davantage». Cependant, cela ne diminue en rien sa motivation à servir:
Traduit et adapté par Noëline Flippe