Ce 9 juin, les citoyens suisses devaient décider si, à l'avenir, les assurés ne consacraient pas plus de 10 % de leur revenu disponible aux primes maladie. Le peuple suisse a rejeté cette initiative portée par le PS. Les cantons romands y étaient favorable et les alémaniques non.
Ce que l'on peut se demander aujourd'hui c'est: qui dépense plus de 10% de son revenu pour les primes? La réponse varie largement en fonction du lieu où l'on vit, comme le montrent les deux cartes ci-dessous. Elles permettent de visualiser la charge des primes par rapport au revenu disponible et en tenant compte des subsides (réduction) actuellement en vigueur.
Nous avons choisi deux scénarios pour illustrer la situation: une personne célibataire, sans enfant, ayant un revenu brut de 80 000 francs; un ménage de deux personnes mariées, avec deux enfants et dont le revenu brut s'élève à 125 000 francs.
Dans tous les cantons romands, à l'exception de Fribourg et du Valais, les primes maladie représentent plus de 10% du revenu disponible. Ce pourcentage frôle les 13% dans le canton de Genève, qui affiche les valeurs les plus élevées du pays, suivi par Neuchâtel et Bâle-Ville.
En Suisse orientale et centrale, en revanche, les primes maladie sont moins impactantes. Dans les cantons de Zoug et Uri, par exemple, leur part n'atteint même pas 8% du revenu disponible.
La situation change lorsqu'on a affaire à un couple marié avec deux enfants. Seuls les habitants des cantons des Grisons et de Zurich consacrent moins de 10% de leur revenu aux primes. Par endroit, ce pourcentage peut même atteindre 18% - c'est le cas de certaines communes de Neuchâtel, ou de Bâle-Ville.
Un élément ressort clairement de ces cartes: les frontières cantonales. Cela s'explique d'une part par les prestations de soins et les primes, qui diffèrent selon les régions. Mais, d'autre part, le système de réduction des primes fonctionne différemment d'un canton à l'autre. Il en résulte des valeurs moyennes très différentes pour les deux montants, comme le montre le graphique ci-dessous.
Les différences dans l'octroi des réductions de primes se reflètent également dans le revenu brut maximal jusqu'auquel on a encore droit à une aide de la part des autorités.
Dans le canton de Bâle-Campagne, par exemple, les célibataires n'y ont plus droit si leur revenu atteint 31 000 francs. A Zurich, en revanche, même un revenu brut supérieur à 90 000 francs permet de bénéficier de subsides.
Pour les personnes mariées, c'est à Saint-Gall et à Fribourg que cela s'arrête le plus tôt: à partir de 100 000 francs de revenu brut (commun), il n'y a plus de réduction. A Zurich, ce seuil est fixé à 170 000 francs.
L'exemple d'un employé du commerce de détail vivant seul montre également à quel point la situation est différente. En supposant que celui-ci gagne exactement le salaire médian dans cette branche (61 000 francs), il n'a droit à des subsides que dans cinq cantons: Appenzell Rhodes-Intérieures, Grisons, Vaud, Zoug et Zurich.
C'est à Zoug que la charge des primes est la plus faible pour le même employé. Dans toutes les communes, elle est inférieure à 8%. C'est dans les communes genevoises qu'elle est la plus élevée, avec plus de 15%.
Il est important de rappeler que, même si le résultat de la votation entraînait un allègement des primes, on ne sait pas quelle part de cette réduction parviendrait réellement dans le porte-monnaie des Suisses. En effet, si la Confédération et les cantons doivent financer la réduction des primes, ils devront trouver l'argent quelque part. Grâce à une augmentation d'impôts? Il n'y a pas encore de consensus.
Cet article est une adaptation d'un article publié le 24 mai par CH Media et déjà publié une première fois sur watson.
Texte: Ruben Schönenberger
Traduction: Daphnée Lovas
Adaptation et graphiques: Alberto Silini